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Blackout (Privé)

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Ilmaes

Ilmaes


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MessageSujet: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeLun 11 Fév - 23:15

Je n'en pouvais plus. Physiquement, j'étais épuisé de travailler autant sur ce bateau, à m'user les mains sur des filets, à me tordre le dos pour ramasser des tonnes de poissons, à brûler en plein soleil... Je n'avais pas eu l'habitude de ce genre de choses et, malgré ces trois semaines à travailler d'arrache-pied, je n'avais toujours pas prit le pli. Et moralement... Je ne supportais pas de me tuer à la tâche pour n'avoir que quelques pièces à la fin de la journée, qui nous permettait tout juste de manger, à mon père et moi. Je ne supportais pas de travailler "légalement", pour finalement rapporter à peine ce que je pouvais voler en une heure.

S'en était trop et même si j'avais de bonnes raisons de continuer ainsi, je ne voulais plus vivre de la sorte. Il me fallait retrouver ma vie d'avant, où j'étais libre dans les rues, libre de ramasser mon petit butin où bon me semblait... Et ce soir, j'avais trouvé où je voulais me rendre.

Tout les soirs, depuis le début de la semaine, je surveillais une grande villa juchée sur le bord d'une falaise. J'avais remarqué les tours de garde, les entrées et sorties les plus discrètes de la bâtisse... Cet Ondin était un Maître Marchand, je savais que je trouverais quelque chose de valeur à "emprunter", qui nous donnera assez pour que nous vivions tranquille pendant quelques temps. Alors que mon père dormait, je filais silencieusement de la maison, laissant à la nuit le soin de m'offrir des cachettes. En une heure à peine, j'avais atteint la villa. Il me suffit de quelques minutes à peine pour m'y introduire sous le nez des gardes.

L'obscurité régnait dans le bâtiment et je me dirigeais à l'aveuglette, cherchant, fébrile, le trésor de mon escapade. Il était là, j'en étais sûr... Mes yeux s'habituèrent peu à peu au noir ambiant, me laissant voir les contours des meubles luxueux, des hauts murs recouverts de tentures bariolées, de toutes les richesses possibles et imaginables. Je restais un instant sonné par tout le luxe présent dans l'immense salon, avant d'aviser une petite statuette en or. Je me précipitai vers elle pour la subtiliser, avisant à son poids qu'elle était en or massif. Tremblant, je reculai, m’apprêtant à filer avec mon butin... Quand je butai contre une sellette, faisant vaciller un énorme vase de porcelaine... Qui finit par s'écraser en grand fracas sur le sol. Mais quel !...

J'entendais déjà les gardes hurler des ordres et me mis à courir comme un forcené vers une des fenêtres, mais toutes celles présentes dans la pièce étaient trop hautes pour que je les atteigne. Je sentais la panique m'envahir, j'étais pris au piège comme un vulgaire rat, sans aucun échappatoire. Je remarquais enfin une petite fenêtre à ma hauteur dans le grand hall d'entrée et je me mis à courir dans sa direction... Quand une masse énorme me barra la route. Je fus aussitôt attrapé et me débattis avec force, donnant des coups de pieds, mordant quand j'en avais l'occasion, mais rien n'y faisait : le garde était beaucoup plus fort que moi... Je vis le propriétaire de la villa débarquer, hirsute et complètement hors de lui. Un second garde tira la statuette de mon sac pour la donner à l'Ondin, alors que je me débattais toujours autant. Fixant le Marchand avec hargne, j'attendis de voir ce qu'il allait faire de moi... Quand je me pris la statuette en pleine tête, m’assommant pour les deux heures suivantes.

Quand je refis surface, j'étais entravé de fers, mes genoux saignaient et ma joue me faisait horriblement mal. Le décor avait totalement changé : J'étais dans une pièce sombre et moite, sans aucun meuble. Je voyais un peu plus loin le Marchand s'entretenir avec le chef de la garde -Que je reconnaissais de part son visage et son uniforme plus riche que celui des autres gardes-. Vu les gestes qu'il faisait en parlant, j'étais en très mauvaise posture. Qu'est-ce que j'allais devenir, maintenant que j'étais pris ?... Qu'allait devenir mon père ? Si on réclamait une caution, il ne pourra jamais payer, et si on me tuait... Il ne pourrait pas survivre sans moi.

J'arrêtai de penser quand on me tira brutalement par les cheveux. Je regardai le chef de la garde, qui venait de s'approcher, avec un oeil à moitié fermé. Mais malgré cela, je remarquais le sourire mauvais qu'il affichait.


- Alors... Comme ça on s'attaque à plus fort que soi ? Mon pauvre petit, tu sais comment finisse ce genre de choses, non ?... Laisse-moi t'expliquer : Tu vas partir moisir en taule pendant un mois. Si quelqu'un vient pour te libérer, moyennant quelques sous, alors on te relâchera. Mais si personne ne vient... Alors, dans un mois, je te donnerais une petite leçon. Mais ne t'inquiète pas, tu ne seras pas tout seul ! Tu vas rejoindre le reste de la vermine et vous allez rester ensemble jusqu'à la sentence, c'est super, non? marmonna-t-il, visiblement heureux de mon sort.

Je t'en foutrais moi... Je savais parfaitement ce que sera ma sentence : On me coupera la main avant de me relâcher, me laissant me vider de mon sang si je n'arrivais pas à me soigner avant. Mais, malgré la peur qui commençait à me tordre le ventre, je ne dis rien, me laissant traîner vers un cachot de libre, alors que mes genoux ripaient une fois de plus contre le sol rocheux. La douleur était si forte qu'elle m'empêcha d'entendre quoi que ce soit et je ne cherchais même pas à regarder où j'étais. De toute façon, je ne sortirais pas d'ici...

Après quelques tours et détours, nous arrivâmes à un escalier qui descendit vers un nouveau dédale de couloirs. Je voyais des cellules immergées d'eau, occupées ou non. On ouvrit une porte, avant de m'attacher à l'énorme anneau au centre du mur. On enleva les fers à mes pieds, laissant mes jambes se souder au contact d'une eau sale et croupie. J'étais enfermé dans un noir complet, ne sentant plus que les fers tirant sur mes poignets, le sang s'échapper encore un peu de ma nageoire pour se mêler à l'eau puante de ma prison.
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Arabyss Hale'Lake

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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeLun 11 Fév - 23:51

Et voilà, et voilà, et voilà, je m'ennuie, et encore à qui la faute, hein ???!!! A cette saleté de mollusque puant, voilà !! Assise sur la corniche d'un bâtiment du centre ville, j'avais réussis à l'escalader en remontant une des cascades à contre courant, glissant sur la pierre vaseuse, mais j'étais finalement parvenue à monter jusqu'au toit. De là, j'avais une assez bonne vue de l'ensemble de la ville - une partie, du moins, mais je savais également que trouver un perchoir pour adopter une vue d'ensemble de Satanael ne me servirait à rien si Ilmaes était en mer... et il y avait de fortes chances pour qu'il le soit.

Depuis qu'il avait commencé à travailler, on ne se voyait pour ainsi dire plus du tout - lui passait ses journées à s'épuiser en mer... et moi à tourner comme un oiseau en cage sur la terre ferme, fuyant de mon mieux la pression des profondeurs sans que quiconque ne se soucie plus de mes escapades. Féline était cependant à nouveau libre, et souvent je volais avec elle au dessus des flots, m'amusant à chercher sur quel navire Ilmaes pouvait bien être - vu d'en haut, ils étaient tout petit, ça m'amusait... pour un temps. Pareil pour les balades en mer - Féline était plus que ravie de donner toute sa puissance à fendre les vagues, revêtant sa cuirasse d'écailles colorées et bariolées de motifs géométriques, et si l'admirer faire ses cabrioles ou alors faire la course avec elle était un véritable plaisir... force m'était d'admettre qu'encore une fois, ce crétin fini me manquait bel et bien.

Plus d'un mois avait passé - je ne l'avais pas revu depuis notre petite balade où il m'avait offert un repas... et moi un œil au beur noir. Pourtant, j'aurais eu besoin de lui... cette semaine, c'était l'anniversaire d'une de mes sœurs. J'avais beau être plus ou moins rejetée de toute ma famille, jugée comme irresponsable et indigne de toute la cour des nobles, je mettais pourtant un point d'honneur à être présente à toutes les cérémonies honorant mes frères et sœurs. A douze, ça faisait déjà au minimum douze soirées où j'étais forcée de paraitre... sur une année, ça faisait un quota tout à fait respectable à mon sens. Et puis... ce n'était pas parce que nous ne partagions pas les mêmes idéaux que moi, je devais les rejeter aussi. Ma famille... ils étaient tout ce que je détestais, mais au moins, ils étaient, ce qui était déjà pas si mal.

Mais la soirée aurait été tellement plus supportable si Ilmaes avait pu m'accompagner, une nouvelle fois... Ruminant sur mon perchoir, je finis par me décider à bouger - ce n'était pas en restant plantée là que j'avais une chance de tomber dessus... et tient, si j'allais tout simplement chercher dans le port ?... La journée était particulièrement fraiche ce jour là - de lourds nuages couvraient l'azur des cieux, et un vent de plus en plus frais se levait sur l'île - une tempête se préparait... je ne devrais pas trop tarder si j'espérais passer la barrière de corail avant qu'elle ne soit fermée. Resserrant mon châle turquoise sur mes épaules, je traversais rapidement la ville en remontant vers le port - là, je commençais à interroger les marins, fatiguée de chercher Ilmaes dans la foule colorée sans jamais mettre la main dessus. J'aurais peut-être plus de chance en demandant de l'aide...

Mais ce que j'appris ce jour là me laissa relativement perplexe... et un début d'inquiétude commença son bonhomme de chemin en moi. Parce qu'à en croire les marins qui le connaissaient... personne ne l'avait vu depuis plus d'une semaine à présent. Il en avait peut-être eu marre de travailler, et il s'était remis à voler ?... hésitant à passer chez lui, voir s'il y était... je laissais tomber pour cette fois, et me résignais à rentrer dans la ville sous marine.

Les jour s'égrainèrent, fades et monotones - je n'avais même pas envie de faire de bêtise... la ville n'avait jamais été si paisible, et même les gardes semblaient moins tendus. La tempête avait finalement été légère, et les beaux jours étaient revenus - et je ne parvenais toujours pas à le retrouver. Je n'osais vraiment pas pousser le vice jusqu'à m'inviter chez lui - mais en attendant... il n'était toujours nul part, et ça m'inquiétait, encore une fois. Peut-être qu'il avait tout simplement changé de travail, qu'il en avait trouvé un qui payait mieux, et du coup je ne le cherchais pas au bon endroit ?... je n'aurais su le dire.

Arriva la soirée d'anniversaire de ma sœur - richement drapée dans une robe de satin argenté, mes cheveux relevés en un complexe chignon tressé et tissé à la fois, parée de perles et autres bijoux au faste d'un ridicule pointé à mes yeux, mais qui ne laissait visiblement pas indifférent les trois quarts des Ondins présents, du jeune partis au vieux veuf répugnant... Je restais sagement dans un coin, assise sur un sofa, une coupe d'un quelconque breuvage à la main, soupirant en songeant comme cette soirée aurait pu être agréable si Ilmaes avait été présent quand... j'interceptais une conversation toute proche, et tendis malgré moi une oreille plus attentive tout en buvant.

- ... chez moi, en pleine nuit, vous vous rendez compte ?? baratinais un vieux que je reconnu de dos comme étant un Maitre Marchand nouveau riche particulièrement grossier et déplaisant. Dans ma maison, un jeune benêt, qui croyait pouvoir me voler, comme ça, tout seul, rentrer et ressortir comme chez lui avec mon or !!
- Mais comment l'avez vous attrapé ? demanda une jeune sotte qui buvait ses paroles.
- Cet idiot s'est dénoncé tout seul - il a brisé un de mes plus beaux vase de porcelaine, peint à la main, une antiquité Elfique, il valait une petite fortune !! Tout ça pour un peu d'or... mais mes gardiens ont eu vite fait de me débarrasser de cette vermine, cracha t-il avec un orgueil et un mépris qui me donna envie de lui jeter mon verre à la figure.


Me désintéressant de la conversation, je restais sage tout le reste de la soirée, mais cette histoire me préoccupait quelque peu - un vol... non... c'était stupide... c'était absolument pas son genre de tenter quelque chose d'aussi débile...
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Ilmaes

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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 0:14

Je ne savais pas depuis combien de temps j'étais enfermé dans ce trou. La lumière du soleil ne nous atteignait pas ici, tout n'était qu'obscurité, puanteur et cris, de temps à autre. Juste après mon emprisonnement, je me demandais d'où provenait ces hurlements. Que faisaient les gardes aux prisonniers pour qu'ils souffrent de la sorte ?... Je cherchais un moment à le savoir, me tortillant contre le mur pour voire à travers les barreaux de ma cellule, mais à part les points tremblotants des lanternes, je ne distinguais rien. Rien du tout.

Je me lassai rapidement de ma recherche, laissant les prisonniers hurler pendant des heures. Je commençais à avoir faim et soif, mais personne ne venait pour me donner quoi que ce soit. J'en étais réduit à vouloir boire l'eau croupie dans laquelle je baignais... Si seulement j'avais pu l'atteindre... Finalement à bout de force, après ce qui me semblait des siècles mais qui n'était en réalité que quelques jours, je m'évanouis pendant plusieurs heures, avant d’émerger lentement.

On avait rallongé ma chaîne et j'étais allongé sur le petit muret, les pieds dans l'eau. Près de moi, une écuelle d'eau et une autre remplie d'une bouillie peu ragoutante m'attendaient. Sans me soucier de quoi que ce soit, j'avalais le tout, ne cherchant même pas à savoir quel en était le goût. Ca me nourrissait, c'était l'essentiel. Je passais un long moment ainsi, me repérant aux repas : Deux par jours, il me semblait bien. Ainsi, après une semaine, voire plus, car je n'avais aucune idée de la longueur de mon jeûne imposé, je pus enfin comprendre la raison des cris des prisonniers.

Juste après mon "repas", j'entendis des éclats de voix. visiblement deux gardes, le plus calme enjoignant à l'autre d'aller "se calmer un peu". Une porte se ferma, des pas résonnèrent dans l'escalier de pierre... Et la porte de ma cellule s'ouvrit. Un garde entra dans ma prison, visiblement furieux, accrocha sa lanterne à un pic dans le mur... Pour ensuite sortir un fouet de derrière son dos. Sans comprendre, je le fixais alors que l'Ondin déplia l'arme, pour finalement me frapper en plein abdomen. Je me pliai en hurlant sous le choc, avant de recevoir un nouveau coup de fouet dans le dos. Les coups ce succédèrent, violents, alors que je hurlais de plus en plus fort. Alors c'était pour ça ?... Les cris de tous les prisonniers venaient des séances que leur infliger les gardes pour se passer les nerfs ?... J'aurais presque pu me demander pourquoi une telle cruauté quand la réalité me sauta aux yeux : Après tout, nous l'avions bien mérité... Nous étions des vermines de la pire espèce, pourquoi nous épargner ?

Après de longs moments de souffrance, le garde m'abandonna dans le noir, pantelant et la chair à vif. Je tombai contre le sol pour perdre connaissance, me laissant aller à la douleur. Et le même schéma se répéta, plus ou moins régulièrement, pendant les jours suivants...
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Arabyss Hale'Lake

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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 0:39

Un jour... encore un autre jour... et encore un autre... le temps paraissait à la fois lent comme une limace de mer et rapide comme un dauphin - tout ces jours passés sans même croiser son ombre, c'était impensable... et pourtant. Pourtant, il n'était nul part, ne travaillait plus au port, il semblait s'être tout simplement volatilisé... et plus le temps passait, plus je remâchais les paroles de cette saleté de vieux Maître. Un jeune Ondin... pourquoi n'avais-je pas demandé plus de détails, comme la couleur de ses cheveux ou de ses yeux, s'il avait des tatouages ??... J'aurais eu l'air complètement idiote, certes, mais tout le monde me prenait déjà pour une folle, alors un peu plus, un peu moins... et pour une fois que causer à un riche véreux aurait pu m'apporter quelque chose. Me confirmer définitivement que ça ne pouvait être Ilmaes...

C'était si peu son genre ce genre d'acte que j'essayais de ne pas trop m'en faire... et pourtant. Il ne me restait qu'une seule chose à faire maintenant : aller voir chez lui, et affronter son père qui curieusement m'effrayait presque autant que le mien. Pourtant, il était sans doute bon et généreux, pas comme le mien qui était strict et sévère à la limite de la cruauté... mais c'était plus fort que moi, chaque fois que je mettais les pieds chez Ilmaes, je me sentais comme une intruse indigne de pénétrer les lieux, et maintenant qu'en plus, sa mère n'était plus là... enfin, il était temps que je me décide. Prenant mon courage à deux mains ce jour là, à peine eu-je franchis la barrière de corail que je pris la direction de sa maison - traversant le quartier pauvre, taillé à même le calcaire blanc de la falaise, j'arrivais chez lui... frappais à la porte, une première fois.

Puis une seconde.

Puis une troisième.

- ... Il y a quelqu'un ?... demandais-je timidement, d'une voix cependant assez claire.


L'intérieur était plongé dans la pénombre... et une couche de poussière commençait à recouvrir les meubles. La demeure semblait à l'abandon... et, frappée de ce constat, j'oubliais mes bonnes manières et osais m'avancer dans la cuisine, laissant la porte entre-ouverte dans mon dos.

- Il y a quelqu'un ??... Hou hou ?... répétais-je, sentant une certaine panique commencer à s'emparer de moi, les battements de mon cœur s'accélérant sans que je ne comprenne pourquoi.


Mais... que ce passait-il ici à la fin ???...
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Ilmaes

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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 11:42

Les heures passèrent, plus ou moins longues, plus ou moins douloureuses. Je n'arrivais plus à penser à quoi que ce soit, pris dans la douleur de mes plaies qui s'infectaient, qui me meurtrissaient au moindre mouvement. La douleur m'aveuglait, mais lors de rares moments de lucidité, je pensai à mon père. comment s'en sortait-il ? J'avais gardé un peu d'argent de côté, mais ça n'était pas suffisant pour un mois, le temps que je sorte d'ici... Si je ne mourrais pas avant. J'étais terriblement inquiet pour lui. Perdre sa femme, puis son fils, n'allait surement pas l'aider...

Et pourtant, mon père était un homme de ressources et surtout un Ondin qui avait déjà vécu. Il n'était peut-être pas en possession de tous ses moyens, mais cela n'allait pas l'empêcher de survivre. Bien sûr, à son réveil, lorsqu'il avait trouvé mon lit vide, il avait eu un mauvais pressentiment... Qui s'était aggravé le soir, alors que je ne rentrais pas à l'heure habituelle. Prenant la petite bourse de secours et une cape pour parer au vent qui soufflait de plus en plus fort, il était sorti pour atteindre le port, cherchant mon patron, son vieil ami, qui lui avait répondu que je ne m'étais pas présenté au bateau ce matin. Mort d'inquiétude, il ratissa les rues du port jusqu'à l'épuisement, demanda aux passants, aux mendiants si quelqu'un m'avait vu, mais personne ne lui répondit. A part un vieux fou qui lui avait raconté une histoire de vol et de prison. Il refusait d'y croire, il était persuadé que je ne m'étais pas remis à voler... Ou que j'étais impossible à attraper.

Mais pourtant, les jours s'écoulaient, l'argent diminuer et je n'étais pas de retour. Mon père, malgré la douleur qu'il ressentait dans son épaule après son accident du travail, continua à me chercher, encore et encore... Avant de finalement abandonner. Je n'étais nulle part, il ne pouvait rien pour moi, il le savait et se sentir impuissant à sauver son propre fils le minait déjà assez. Mais il était loin de perdre espoir : Je reviendrais, il en était certain. Aussi, il devait être prêt à tout moment. Une semaine après ma disparition, il se mis à pêcher, de petites prises seulement, qu'il ramenait et cuisinait, pour que je puisse manger quand je reviendrais. Mais chaque jour, mon assiette restait pleine, et le même scénario recommençait une nouvelle fois. La maison était presque laissé à l'abandon, vu qu'il ne pouvait faire les tâches ménagères, mais ça n'était qu'un détail à régler à mon retour.

Cela faisait maintenant presque trois semaines que j'étais porté disparu et mon père rentrait de sa pèche quotidienne, son faible butin entassé dans une nasse. Alors qu'il approchait de la maison, il remarqua un petit groupe comploter... Avant de fuir à son approche. Que se passait-il ? Accélérant le pas en grimaçant alors que son bras était parcouru de picotements désagréables, il trouva la porte entre-ouverte, s'engouffra dans la maison avec espoir... Avant de trouver la jeune Sirène au milieu de la pièce. L'espoir qui avait fait briller ses yeux métalliques s'éteignit aussitôt pour laisser place à de l'angoisse et de l'agacement. Il était agacé de la voir ainsi dans sa maison, entrant sans gêne aucune, et également agacé de voir qu'elle commettait une imprudence en étalant ses perles en plein quartier pauvre. Rien ne la protégera ici, pas même ses perles... Mais l'inquiétude l'emporta sur ce dernier sentiment. Elle était, s'il se souvenait bien, la seule personne proche de moi, peut-être venait-elle... Pour lui annoncer la pire nouvelle possible ?...

Posant sa nasse sur la grande table poussiéreuse, mon père passa devant Arabyss en silence pour allumer les petits bouts de chandelles qui restaient pour illuminer la pièce. Après cela, il se tourna vers la Sirène, lui enjoignant d'un mouvement douloureux de la main de s’asseoir, avant de faire chauffer l'eau pour un thé.


- Que venez-vous faire ici ? demanda-t-il sans se soucier des formules de politesse.
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Arabyss Hale'Lake

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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 19:18

Le cœur battant, mon angoisse ne faisait qu'augmenter à mesure que ma vue s'habituait à l'obscurité.. et que je constatais à quel point la demeure semblait comme inhabitée depuis plusieurs jours, voir plusieurs semaines. Avançant d'un pas hésitant, je me figeais au milieu de la grande pièce sans oser aller plus loin - de toute façon, s'il y avait eu quelqu'un, il m'aurait entendu depuis longtemps... il serait venu à ma rencontre... je ne pouvais envisager de violer d'avantage cette demeure, même si elle était potentiellement abandonnée. Il serait arrivé quelque chose au père d'Ilmaes ?... Et de là, il serait parti, sans un mot ?... Ça ne lui ressemblait pas... pas plus que de faire une éventuelle connerie en loupant un gros coup. Mais où était-il donc passé à la fin...

- S'il vous plait... répondez... murmurais-je, presque suppliante.

Puis soudain, la porte grinça, et un flot de lumière inonda la cuisine. Levant vivement ma main devant mon visage, je plissais les yeux... manquais m'évanouir de soulagement en reconnaissant avant toute chose la chevelure hirsute et rougeoyante du père d'Ilmaes.

- Vous... vous êtes là, murmurais-je d'une petite voix dans laquelle mon soulagement était clairement palpable. Pardonnez moi... je... je m'inquiétais de ne pas avoir de réponse, balbutiais-je en m'écartant de son chemin, prenant trop tard conscience de l'audace de mon intrusion.


Mais j'avais tellement eu peur de trouver cette maison définitivement abandonnée... j'en tremblerais presque. Et cependant, même si la vue du père d'Ilmaes me rassurait un peu... je ne savais toujours pas où pouvait bien être Ilmaes, puisqu'il n'était visiblement pas chez lui. Observant en silence la carrure à la fois fine et massive de l'Ondin évoluer dans la pièce pour allumer trois bouts de chandelle, lèvres pincées, je triturais mes doigts sans savoir quoi faire - j'avais conscience d'avoir commis un impair en entrant sans y être invitée mais... je devais en avoir le cœur net.

- Je cherche votre fils, répondis-je de but en blanc, m'asseyant machinalement sur le banc alors qu'il m'y enjoignait. Ça fait des semaines que je ne l'ai pas vu, qu'il ne va plus travailler - je m'inquiète... je pensais que... vous sauriez me dire où il est... demandais-je avec espoir.
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Ilmaes

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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 19:51

Mon père, dos à Arabyss, fixait l'eau à peine frémissante mise à chauffer. Il avait remarqué le soulagement de la jeune femme, mais ne s'était pas arrêté sur cette constatation : Il ne savait pas pourquoi elle avait été rassurée tout d'un coup et cela lui était presque égal. Il ne s'inquiétait que de savoir où j'étais et ce qui m'étais bien arrivé. Peut-être le savait-elle, auquel cas elle avait tout intérêt à lui indiquer très vite où me trouver avant qu'il ne perde définitivement son calme.

Alors, quand Arabyss lui annonça qu'elle non plus ne m'avait pas vu, un sourire étira malgré lui ses lèvres. Il avait la nette impression que j'avais disparu de la surface de la terre et cette pensée le faisait presque rire nerveusement. Se tournant vers son "invitée", il soupira.


- J'espérais la même chose de vous... Il n'est pas rentré à la maison depuis plusieurs semaines et je ne l'ai trouvé nulle part dans le port. C'est tout ce que je peux vous dire, lui adressa-t-il d'une voix lasse.

Il était épuisé de s'inquiéter autant, de me chercher dès qu'il posait le pied dehors, mais il ne voulait pas arrêter ses recherches. Pas tant qu'il ne m'aura pas récupérer.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 20:09

Une fesse fébrilement posée sur un bout de banc, j'attendis le verdict, pleine d'espoir... mais lorsque je vis clairement les épaules de l'Ondin s’affaisser... ce fut comme si des pierres tombaient soudain dans ma poitrine. Je regrettais soudain vivement d'être venue - je ne voulais plus qu'il me réponde... je ne voulais pas entendre ce qu'il allait me dire. Sans que je ne m'explique trop comment, la tension augmenta soudain dans la pièce, et je déglutis avec difficulté... puis la sentence tomba. Ilmaes était bel et bien porté disparu, cette fois c'était officiel... Soutenant le regard d'un bleu métallique du père d'Ilmaes, mon espoir se changea en résignation lorsque je compris l'évidence. Palissant malgré moi, je baissais lentement les yeux, serrant les poings sur les plis de ma longue jupe fendue.

- Je sais où il est, murmurais-je d'une voix blanche. Je vais le chercher, ajoutais-je d'une voix plus ferme, me levant pour traverser la pièce et sortir sans un mot ni un regard de plus.


Il ne pouvait qu'être en prison à présent... c'était mon dernier espoir, et je m'enfonçais rapidement dans les bas quartiers en prenant la direction du bâtiment infernal. Connaissant par-cœur la carte de l'île, je savais où était la prison, bien que je n'y ai jamais mis les pieds... et j'avais espéré ne jamais avoir à m'y rendre. Croisant de plus en plus de gardes, l'un d'entre eux finit par me demander ce que je faisais là - sans expliquer ma situation, j'ordonnais à être conduite au gardien de prison, et une fois sur place je demandais si un certain Ilmaes Hafen avait été incarcéré récemment. Il tourna rapidement les pages d'un de ses volumes... et mon cœur loupa un battement lorsqu'enfin, il m'annonça qu'Ilmaes avait été incarcéré un mois plus tôt dans l'attente de son jugement, qui serait prononcé sur l'autel de sa sentence, accomplie dans la foulée.

La dite sentence étant prévue pour... dans trois jour. L’imminence de la catastrophe me donna un vertige, mais sans poser de question le gardien me proposa une escorte pour me raccompagner en ville, que j'acceptais, avant de partir au plus vite. Le seul moyen de sortir Ilmaes de là était de payer sa caution - et de l'argent, je savais où en trouver.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 20:32

A la voir pâlir, mon père aurait presque pu avoir pitié d'Arabyss, lui demander s'il pouvait faire quelque chose, alors que c'était plutôt lui qui avait besoin d'aide pour ratisser toute l'île... Mais avant qu'il ait pu former le moindre mot, la Sirène se leva, assurant qu'elle s'avait où j'étais et qu'elle allait me sortir de là. Mon père, surpris, ne dit rien, regardant la Sirène s'en aller sans savoir s'il devait la croire ou non. Elle venait ici pour savoir s'il m'avait vu, et d'un coup elle savait où chercher ?... Cela semblait trop invraisemblable pour qu'il puisse le croire.

Pourtant, elle avait bien réussi à me trouver. Quand on m'amena le deuxième repas de la journée, le garde s'accroupit pour me sourire, l'air mauvais.


- Dis donc mon grand, tu as l'air de faire des victimes auprès des filles ! Une magnifique Sirène t'as demandé tout à l'heure, elle semblait bouleversé... Bien trop riche pour toi la demoiselle en plus... Peut-être que tu lui as fait un sale tour à elle aussi ? Ce serait bête qu'elle alourdisse ta peine, tu resterais ici pour un peu plus longtemps...

Malgré mon état pitoyable et fiévreux, je relevais la tête et la simple mention d'Arabyss fit briller mon regard éteint. Elle m'avait retrouvé ?... Peut-être qu'elle pourra faire quelque chose pour moi alors... Presque requinqué, je rassemblais mes forces pour cracher au visage du garde, pour lui donner une petite leçon. Jamais je ne ferais un sale tour à Bybyss, non mais oh !... Mais je regrettais bien vite mon geste. Hors de lui, le garde m'infligea un grand coup de pied dans la mâchoire, avant de prendre son fouet pour me punir de mon geste. Mon souffle d'espoir s’éteignit bien vite. Peut-être qu'elle ne pourra rien faire pour moi... Ou peut-être qu'il sera trop tard quand elle le pourra.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 20:51

Le cœur battant, pressée par l'urgence de la situation, je me débarrassais rapidement de mon escorte et me précipitais sans la moindre grâce dans la mer pour rejoindre au plus vite la citée sous-marine. Je l'avais retrouvé in-extremis... et maintenant, je devais le sortir de là, très vite. J'ignorais totalement dans quel état j'allai bien pouvoir le retrouver - un mois qu'il croupissait là-dedans... je me serais volontiers poignardée pour ma connerie si cela n'avait pas signé la mort de l'unique chance d'Ilmaes de s'en sortir. Je savais que les geôles de Satanael étaient réputées pour leur insalubrité et la cruauté des gardes - il y avait peu de criminels parmi le peuple de l'Eau... essentiellement parce que les châtiments encourus pour la plus petite infraction ne valait généralement pas la peine de prendre le risque, aussi tentant soit-il.

Je le savais bien pour m'être renseignée à l'aube de mes premiers mauvais coups... mais j'avais très vite compris que mon statut me protégeais de l'emprisonnement, et je m'en étais alors donné à cœur joie. Mais Ilmaes était loin de bénéficier des même privilèges que moi... et la loi était la loi, la Reine en personne veillait à son respect, et ceux qui y dérogeaient étaient traités comme la pire vermine qui soit. Morte d'inquiétude, j'aurais voulu aller trouver mon père immédiatement... mais au vu de ce que j'allais lui demander, je jugeais plus judicieux de prendre toutes les précautions nécessaires avant de me présenter devant lui. Ainsi pris-je tout de même le temps de passer par ma chambre, de me vêtir correctement d'une robe violette, de brosser et coiffer sommairement mes cheveux - l'essentiel était de faire bonne impression... devant mon propre père, c'était aberrant mais je n'avais pas le choix...

Fin prête, j'envoyais un domestique surpris de me voir annoncer ma venue à mon père - je poireautais une bonne demi-heure dans un salon avant qu'il ne daigne m'accorder audience, et lorsqu'enfin, je fus autorisée à entrer dans son bureau, je carrais les épaules, pris une profonde inspiration - il était mon seul et unique espoir de sauver Ilmaes... je ramperais à ses pieds si c'était ce qu'il demandait contre la caution.

- Bonjour, père, dis-je en baissant les yeux, m'inclinant gracieusement devant lui.

Tête basse, il resta silencieux quelques secondes, et je restais immobile, attendant qu'il m'autorise à me redresser - et si ça pouvait être avant la saint Glin-Glin, ça m'arrangerait...

- Bonjour, Arabyss, répondit-il de sa voix basse et grave. Que me vaut la... surprise de ta visite ?... enchaina t-il sur un ton où l'ironie était nettement perceptible.


Ravalant ma fierté, je me redressais et soutins son regard quelques secondes... avant de le baisser à contre cœur - mieux valait qu'il ne croit pas que j'étais là pour le défier...

- Je viens... je viens vous demander une faveur, repris-je d'une voix la plus ferme possible. J'ai besoin... j'ai besoin de faire sortir quelqu'un de prison. Il me faut l'argent de sa caution - en échange de quoi, je serais votre éternelle débiteur, annonçais-je en croisant les doigts dans mon dos.


Un lourd silence accueilli ma demande, et je résistais à la tentation de relever les yeux - mais malgré moi... je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était raté. J'avais mal formulé... je n'aurais pas dû demander ça comme ça... il allait refuser, c'était évident... tout était perdu...

- Je constate qu'encore une fois, tu as monté le déshonneur de ta famille et de ton nom au rang d'un art, siffla t-il, acide, et lorsque je relevais brièvement les yeux pour croiser son regard, ses prunelles lançaient des éclairs. Par ton sang tu es déjà mon éternelle débitrice... mais soit, ajouta t-il, le regard brillant. J'accepte ta requête, précisa t-il alors que je relevais la tête sans pouvoir masquer ma surprise, à une condition : le prix de la liberté de ton... "ami" sera celui de ton héritage. En payant cette... caution, tu sacrifiera donc ton rang... et ton appartenance à cette famille. Et tu ne remettras plus jamais les pieds ici, asséna t-il froidement, alors que je le regardais avec de grands yeux, sous le choc.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 21:17

Le garde, après s'en être donné à coeur joie, me laissa seul dans le noir, sans plus rien à manger -Le tout avait coulé alors que je me contorsionnais pour tenter d'échapper aux coups.- Je n'avais plus faim de toute façon, de nouveau meurtri, et j'aurais presque pu sentir mes plaies s'infecter tellemet j'étais coutumier de cette sensation. Sombrant de nouveau dans les abîmes, je laissai la fièvre s'emparer de la fin de ma raison.

On me secoua brusquement pour que j'ouvre les yeux. Hébété, je fixais le garde qui me libérait de mes chaines. Quoi ?... J'étais libre ?!... Les deux gardes présents dans ma cellule me prirent chacun par un bras pour me traîner hors de ma prison. Alors Arabyss avait réussi, ça y est ?... Je n'arrivais pas à le croire. J'allais enfin sortir d'ici... Mais au lieu de prendre l'escalier qui menait à l'étage supérieur, nous bifurquâmes juste avant pour entrer dans une pièce où la chaleur était presque insoutenable pour quelqu'un de normal. Pour ma part, j'étais tellement fiévreux que je tremblais en toutes circonstances... On me jeta presque sur une table, mon dos découvert. Je n'entendis rien à part des bruits de ferraille... Puis un hurlement couvrit les autres bruits possibles. Il me fallut quelques secondes pour me rendre compte que c'était moi qui hurlait, complètement submergé par la douleur que provoquait le fer chauffé à blanc sur mon omoplate. J'étais marqué de quelque chose que je ne distinguais pas et je crus presque mourir alors que le fer s'éloigna de ma peau.


- Beh voilà ! A comme "amputation" ! Soit heureux, comme ça on se trompera pas, tu finiras pas sur la potence... Ce serait bête, avoue, ricana un des gardes en me tapant dans le dos, à l'endroit précis de ma nouvelle blessure.

Je ne pus rien répondre, des larmes de douleurs dévalant mes joues alors que je suffoquais. Je me retrouvais sans m'en rendre compte de nouveau dans ma cellule, attaché, et m'évanouit presque aussitôt. J'avais eu tord d'espérer... Elle ne viendra jamais me chercher. Pourquoi le ferait-elle d'ailleurs ? Elle ne me devait rien, elle n'allais pas risquer son rang pour moi... Et je le comprenais totalement.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 21:52

Le cœur quelque part au niveau des chevilles, je fixais mon reflet dans le miroir de ma coiffeuse, figée dans une position peu confortable sans me soucier pourtant de la douleur qui commençait à chauffer dans mon dos et ma nuque. Hagarde, les cheveux défait, je portais toujours ma robe violette - je n'avais pas dormi de la nuit, recluse dans mes appartements après avoir fui le bureau de mon père - il avait accepté ma requête... mais à quel prix. ce n'était pas tant la suppression de mon rang ou de mes potentielles richesses qui m'affectait - mais bel et bien le bannissement pur dont j'étais victime. Depuis tout ce temps, c'était tout ce que j'essayais de préserver... et voilà qu'aujourd'hui, je devais choisir de m'en séparer... ou laisser Ilmaes aux mains de ses bourreaux.

Je n'avais rien trouvé à répondre face à mon père triomphant, et avait balbutié le besoin de réfléchir un peu avant d'accepter - mais avais-je seulement le choix. La nuit m'avait apporté sa réponse - non, je n'avais pas le choix. J'avais tenté de me convaincre que je ne perdais rien, que rien ne m'avait jamais attaché au monde des profondeurs, que mes frères et sœurs me méprisaient, que ma mère était déçue de mon attitude au-delà des mots, que mon père me détestait - malgré tout... malgré tout, ici était mon foyer. C'était ici que je rentrais pour passer la nuit, ici que je perdais mon temps à tourner en rond - alors qu'en haut... en haut, j'avais Ilmaes, et il avait besoin de moi...

Ma décision était prise. Lentement, dans un état second, je dégrafais ma robe, la laissais glisser sur mes épaules, petit tas de chiffon précieux à mes pieds. Enlevant les dernières épingles dans mes cheveux, je secouais doucement la tête, et il cascadèrent dans mon dos, battant jusque contre mes cuisses alors que j'avançais vers ma penderie. J'en tirais une robe blanche et simple, que je passais avant de l'ajuster avec des coulures d'argent qui s’entrelacèrent sur mes épaules et dans mon dos en de gracieuses arabesques, puis, arrivé sur le seuil de ma chambre, je me retournais pour l'embrasser du regard, une dernière fois. Je ne voyais rien à emporter, aucun objet, rien qui n'ait pour moi une réelle valeur sentimentale. La seule chose qui avait de la valeur pour moi était le bracelet passé à mon bras...

Traversant les couloirs lugubres et silencieux, je frappais à la porte du cabinet de mon père sans prendre la peine de me faire annoncer cette fois. Un domestique un peu surpris m'ouvris la porte, et je m'avançais dans la pièce en soutenant cette fois le regard de mon père - attrapant les rangs de perle autour de mon cou, je les déroulais lentement, un à un, et je déposais le collier en un tas lumineux sur le bureau, mon regard rivé dans celui de mon père.

- J'accepte, dis-je en guise de bonjour... et d'adieu.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 22:10

Depuis combien de temps j'étais revenu dans ma cellule ? Javais l'impression que j'y étais depuis des années, réveillé sans cesse pas mes plaies, la brûlure sur mon omoplate droite, et pourtant je savais que j'avais retrouvé ma cage il n'y a pas si longtemps. Qu'est-ce que j'allais devenir ?... Le fait qu'Arabyss soit venue me demander m'avait redonné espoir, mais depuis je n'avais eu aucune nouvelle, j'étais toujours bloqué ici, et la sentence approchait... Finalement, elle ne pourra rien pour moi. Je finirais avec la main coupée et je mourrais dans la foulée, emporté par les infections.

Je n'étais pas le seul à perdre espoir. Mon père avait cessé toutes ses recherches, sachant pertinemment qu'il ne me trouvera pas dans les rues. Seule restait la prison, mais il ne voulais pas y croire... Pourquoi Arabyss ne l'avait-elle pas renseigné, avant de partir en coup de vent ainsi ? Cela fait maintenant plus d'une journée qu'elle était venue, mais rien n'avait changé. Elle s'était simplement trompé sur l'endroit où je me trouvais... Il était résigné : jamais je ne reviendrais et il finirait seul, loin de sa femme et incapable de sauver son fils.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMar 12 Fév - 22:47

Courant presque dans les rues de Satanael, un petit papier de qualité serré dans ma main droite, je traversais rapidement le port puis les plages pour me rendre dans la ville-basse, direction la prison. Je me sentais... étrangement légère, sans le poids familier de mes perles autours de mes hanches - les plis de ma jupe dans une main, j'essayais de ne surtout pas penser à ce que j'étais en train de faire, et commençais à courir alors que la population diminuait et que les ruelles rétrécissaient. Hors d'haleine, j'arrivais finalement à la prison - la veille de l'exécution... c'était vraiment moins une. Mais dans quelques secondes, tout serait terminé.

- Je viens payer la caution d'Ilmaes Hafen, débitais-je d'une traite, essoufflée mais droite et fière en tendant le papier au gardien sans même un bonjour.


A la fois surprit et circonspect, il pris mon papier signé de la main de mon père - un ordre de retrait sur son compte - et fit plusieurs fois la navette entre mon papier et moi avant de finalement l'empocher. Tirant une clochette sur le mur, deux gardes apparurent rapidement, et il leur donna l'ordre de me mener à la cellule d'Ilmaes. Le cœur battant d'impatience, je les laissais m'entrainer... dans les sous-sols - ma vue mis quelques secondes à s'habituer à l'obscurité ambiante... et ce que je vis alors devrait hanter mes cauchemars pour un moment. Toutes les cellules étaient inondées d'eau croupie qui dégageait une odeur âcre qui rappait la gorge - les hommes emprisonnés étaient plus ou moins pâles et squelettiques, la peau parfois marbrée de cicatrices ou de plaies encore suintantes . Certains étaient encore conscients et fixaient le vide, hagards, alors que d'autres murmuraient d'incompréhensibles borborygmes, et d'autres encore ne semblait même pas conscients du tout. Pâlissant à ce spectacle, redoutant l'état dans lequel j'allais trouver Ilmaes après un mois à moisir ici... la vérité fut au-delà des mots lorsqu'enfin, un des gardes me fit signe de reculer alors que l'autre, armé d'un trousseau de clefs, m'ouvrait finalement la grille d'une des cellules.

Tremblante, j'osais pourtant m'avancer à l'intérieur, m'enfonçant jusqu'aux genoux dans la vase et l'eau saumâtre qui exhalaient ses relents putrides à chacun de mes pas. Là gisait Ilmaes, enchainé contre le mur du fond... méconnaissable. Lui qui n'avait jamais été bien épais était désormais maigre à faire peur - ses côtes et ses clavicules saillaient sous sa peau lacérée maculée de sang encore frais, et son visage était dissimulé par de longues mèches de cheveux qui paraissaient d'un noir d'encre dans la semi obscurité qui régnait dans les geôles. Horrifiée, je ravalais une nausée à la vue de l'état dans lequel il était, et restais interdite plusieurs secondes - ce n'était pas vrai... ce n'était pas possible... comment... comment avait-il pu finir dans un tel état ??!...

- ... Sortez-le d'ici tout de suite !!!!!!!!!!! hurlais-je à l'attention des gardes, le regard flamboyant de colère, les poings serrées à m'en briser les phalanges. Vous allez m'aider à le ramener chez lui immédiatement, dépêchez vous !! ajoutais-je en m'approchant d'Ilmaes pour relever son visage.


Repoussant une mèche de cheveux collée à son front moite, je constatais à quel point même son visage était plus marqué que jamais par sa maigreur - ses pommettes creuses, ses yeux cernés enfoncés dans leurs orbites... un reste de sang caillé qui coulait de sa lèvre. Essuyant délicatement la marque du bout des doigts, je soupirais longuement, me redressais pour fusiller les gardes du regard. Incrédules, ils hésitèrent une seconde dans mon dos... avant de s'avancer, de détacher Ilmaes et de le rattraper avant qu'il ne s'effondre dans l'eau croupie. Sous mon regard colérique et autoritaire, ils l'installèrent sur le dos de l'un d'entre eux, et m'emboitèrent le pas alors que je prenais la direction de la sortie en retenant ma respiration - il fallait qu'on sorte d'ici... vite... Passant devant le gardien en lui adressant un regard de défi, il hocha brièvement la tête pour autoriser ses gardes à me suivre - y'avait intérêt. De nouveau à l'air libre, j'inspirais une grande bouffée d'air frais... me tournais vers le garde qui portait Ilmaes. A la lumière du jour, il paraissait plus pâle encore, et ses cheveux étaient bel et bien presque noirs - il fallait faire vite, maintenant... il ne tiendrait pas très longtemps dans cet état.

- Par ici, assénais-je d'une voix froide en m'engouffrant d'un pas rapide dans une ruelle.

M'empêchant de me retourner, je dévalais la pente qui menait vers la plage, et une fois dans l'eau, je pris Ilmaes avec moi.

- Attendez moi ici.


Et sans un mot de plus, je plongeais en serrant Ilmaes contre moi, et nageais vers les eaux claires et fraiches du large. Me calant contre un rocher, je l'observais sous l'eau, alors que ses cheveux peinaient visiblement à s'éclaircir - il avait réagit au contact de l'eau salée... mais probablement plus à cause de la douleur de ses plaies que par réel prise de conscience, et je me mordis la lèvre en constatant l'étendue des dégâts, maintenant que le sang séché se décollait peu à peu pour laisser apparaitre les plaies. Appuyant son dos contre ma poitrine, calant sa tête dans mon cou pour l’empêcher de balloter au gré des courants, je restais un moment sous l'eau, frottant doucement les parcelles de peau intacte avec du sable fin pour le débarrasser de la moindre trace de crasse, passant mes doigts dans ses cheveux pour les démêler et tenter de les inciter à s'éclaircir... mais après plus d'une heure à barboter, ils restaient d'un gris encore trop sombre à mon goût... mais je n'obtiendrais certainement pas mieux pour l'instant. Au moins, les plaies étaient un minimum assainies par l'eau salée, et sa peau était lavée de l'eau croupie et du sang séché... Il portait sur son visage d'autres traces de coups, et je me sentis brûler de haine envers celui ou ceux qui lui avaient infligé ça... mais ce n'était pas le moment de songer à une vengeance. Son père l'attendait.

Reprenant le chemin de la plage, émergeant à la surface je fis signe aux gardes encore là de venir chercher Ilmaes - le bain lui avait incontestablement fait du bien... mais il était tout sauf tiré d'affaire. Les blessures suintaient, infectées, et refusaient de cicatriser - j'allais devoir mettre en pratique mes connaissances médicinales plus tôt que prévu. Une fois Ilmaes de nouveau juché sur le dos d'un des gardes, je les guidais dans la ville jusqu'à la maison d'Ilmaes - là, je ne m'embarrassais pas à frapper, et entrais directement, le visage fermé pour tenir bon et ne pas craquer maintenant, menant les gardes jusqu'à la chambre d'Ilmaes. L'abandonnant sur son lit, ils partirent sans demander leur reste... et je restais debout sans bouger au milieu de la chambre, figée devant l'état lamentable du corps de mon ami.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 19:04

Alors que je m'apprêtais à sombrer de nouveau dans l'inconscience, j'entendis la porte de ma cellule s'ouvrir. Non, pas encore... Je me recroquevillai autant que possible, cachant mon visage dans mes poings serrés sans pouvoir faire plus. Je n'empêcherais pas les coups, mais peut-être que je pouvais m'en protéger un peu... Alors que j'attendais le sifflement du fouet, j'entendis à la place une voix aiguë et visiblement mécontente, que je reconnus rapidement. Arabyss ?... Non, je me faisais des idées. Pourquoi serait-elle là après tout ? J'avais simplement perdu la raison et ça n'était pas plus mal : je ne souffrirais plus ainsi. Fermant les yeux, je ne cherchais plus à penser à quoi que ce soit... Je voulais juste arrêter d'avoir mal. Ainsi, quand on écarta une mèche de mes cheveux de mon visage, ma vision floue me permit de deviner une longue chevelure bleue... Mais ça n'était que la suite de mon délire.

Je remarquais à peine qu'on me détacha, car je perdis connaissance dans la foulée, alors que je bougeais trop pour ne pas sentir la douleur intense de mes blessures. Quand je rouvris les yeux, la lumière fut bien trop forte et je les fermai aussitôt. L'air était plus pur, le soleil brûlait ma peau abîmée et des bruits assourdissants m'entouraient. J'entendais toujours la voix d'Arabyss, plus lointaine à présent... Et cru reconnaître ses bras m'entourer avant que l'eau salée ne morde mes plaies, m'arrachant ce qui n'était plus qu'un murmure de douleur. J'étais immergé dans une eau propre, rafraîchissante, mais je tremblais comme une feuille, emporté par la fièvre. Je n'ouvris pas les yeux quand je me sentis contre un corps chaud, calé alors que les flots passaient sur moi, emportant le sang et la saleté. Mes branchies s'étaient rouvertes avec difficulté et je suffoquais presque tellement je cherchais à respirer le plus possible. Finalement, après quelques minutes de semi-conscience, je défaillis de nouveau, emporté par mon manque de sommeil et ma douleur.

Quand je rouvris difficilement un oeil, j'étais allongé sur quelque chose de confortable, dans l'obscurité, je tremblais de froid et j'avais soif. Je me sentais légèrement mieux sans pour autant parvenir à me rendre compte de ce qui m'entourait.


- Soif... murmurai-je d'une vois brisée.

Mon père, toujours dans le salon, n'avait pas bougé depuis l'arrivée d'Arabyss. Il avait observé les gardes me ramener en piteux état, puis repartir aussi sec. Ma demande fut la seule chose qui le fit bouger et il se précipita pour prendre une écuelle et la remplir d'eau. Il arriva en trombe dans la chambre pour s'accroupir à hauteur de mon visage pour me faire boire, caressant doucement mes cheveux.


- Il faut... Il faut le soigner. Sélène avait une réserve d'herbes dans notre chambre, sur le côté droit de sa coiffeuse, indiqua-t-il à la Sirène, refusant de quitter mon chevet. Ramenez aussi le long châle coloré posé sur le tabouret, il est brûlant de fièvre.

Me voir dans cet état le mettait hors de lui, et pour la première fois depuis qu'il était en âge de penser, il avait envie de tuer les gardes de ses propres mains.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 19:32

Le cœur au bord des lèvres, tremblante, je restais plusieurs secondes sans bouger, sous le choc - de nouveau dans l'obscurité, il paraissait plus cadavérique que jamais, sa pâleur et sa maigreur lui donnant l'air fantomatique. Seul sa poitrine se soulevant et s’abaissant régulièrement avec difficulté prouvait qu'il était encore en vie. Lacérant son torse et ses épaules, ainsi que ses omoplates dans son dos, de longues estafilades déchiraient sa peau, suintant de sang et d'eau salée mêlés - il n'avait que très peu réagit sur le trajet, gémissant au contact de l'eau salée, frissonnant de fièvre, mais pas une seconde il n'avait vraiment repris conscience . Il était dans un tel état... je ne savais par où commencer, et l'ampleur des dégâts était telle que j'avais l'impression que quoi que je fasse, ça e servirait à rien. Respirant profondément, je refoulais mes larmes de mon mieux - je ne devais pas craquer... pas tout de suite... pas maintenant... il avait... besoin de moi... je devais... tenir...

Un murmure m'arracha un sursaut, et presque aussitôt la silhouette massive de son père se précipita au chevet d'Ilmaes pour le faire boire - m'infligeant une claque mentale, je me dépêchais d'aller dans la seule pièce de la maison où je n'avais encore jamais mis les pieds. Me précipitant sur la coiffeuse, je fis en une seconde l'inventaire des plantes, et serrais dans ma main celles qui me seraient utile - durant mes voyages, j'avais appris la recette d'un baume purifiant et cicatrisant qui apaisait également la douleur - sa confection était relativement complexe, mais assez rapide dans l'ensemble, et utilisable dès le refroidissement de la mixture. Ilmaes n'avait que trop attendu - je devais à présent faire vite. Revenant dans la chambre, je tendis le châle à l'Ondin, et laissais mon regard glisser une seconde sur Ilmaes, avant que je ne fasse volte-face.

- Faites lui avaler quelque chose, une soupe, n'importe quoi pourvu que ce soit léger et en petite quantité. Ne touchez pas aux plaies, je reviens vite, dis-je en quittant la pièce sans me retourner.


Il ne me restait de mon héritage qu'une grappe de perles enroulées à mon poignet. Retirant le bracelet, je serrais les perles dans ma main alors que je quittais la demeure à toute vitesse, remontant les ruelles du quartier pauvre pour regagner les rues commerçantes - là, je fis de rapides emplettes, que je chargeais dans un panier qu'une Sirène eut la grâce de me céder, et au bout d'une bonne demi heure je revins chez Ilmaes, avec en ma possession tout ce qu'il fallait pour fabriquer le baume. Sans retourner dans la chambre, de peur que la vue d'Ilmaes ne me décourage une nouvelle fois, je ne me souciais plus de la bienséance et allumais rapidement un feu, sur lequel je plaçais une grosse marmite à demi remplie d'eau. Laissant le feu porter le liquide à ébullition, j'y ajoutais une série d'herbes que je préparais au fur et à mesure et quelques essences, et la lourde odeur mentholée de l'infusion commença à se répandre dans la maison.

La chaleur du feu m'asséchait à une vitesse record, mais j n'y prêtais pas attention, essuyant régulièrement la sueur qui goûtait sur mon front alors que je surveillais la mixture qui était de plus en plus sombre - filtrant plusieurs fois le liquide pour en retirer les plantes détrempées jusqu'à ce qu'il soit le plus pur possible, j'y laissais finalement fondre un énorme bloc de miel, et en quelques secondes le liquide devint gluant et gélatineux. Retirant avec peine la marmite du feu, j'avais réussis à me brûler plusieurs fois en effleurant le métal brulant et la chaleur des flammes m'avait épuisé, tirant mes cheveux sur un turquoise de plus en plus clair, mais je n'étais pas peu fière - je n'avais pas mis une heure pour préparer le baume, et il semblait plutôt réussit, entre l'odeur et la consistance. Il me paraissait peut-être un peu plus liquide que celui que j'avais pu voir préparé... mais peut-être qu'il se solidifierais d'avantage en refroidissant. Il ne restait plus qu'à attendre, et je reculais jusqu'au banc dans mon dos, sur lequel je me laissais tomber avec un soupir de soulagement - j'en pouvais plus...
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 19:53

Arabyss partit de ma chambre, me laissant aux soins de mon père qui continuait à me caresser doucement les cheveux. Après avoir bu, je m'étais rapidement assoupi, sans vraiment tomber dans un profond sommeil. Mon père se leva et posa le châle de ma mère près de moi pour préparer quelque chose à me faire avaler. Il repris l'assiette de potage de poissons qu'il avait préparé hier, la fit chauffer rapidement avant de revenir à mon chevet. Me réveillant doucement au contact de sa main sur mon épaule, je grimaçais un peu, avant d'ouvrir légèrement la bouche pour avaler un peu du breuvage. Je mourrais de faim, mais j'étais trop mal en point pour arriver à manger à ma faim. Finalement, après m'avoir fait manger, mon père posa l'assiette sur la table de nuit avant de prendre une bassine pour la remplir d'eau fraîche. Trempant un linge à l'intérieur, il le posa sur mon front alors qu'il en mouilla un second pour essuyer doucement mes plaies.

Je sombrai de nouveau dans l'inconscience, alors que mon père étendit le châle de ma mère sur moi, au risque de le salir. Revenant dans la salle commune avec ses bassines, il avisa Arabyss qui était rentrée depuis assez longtemps pour avoir préparé quelque chose pour me soigner. Il remarqua vite ses longs cheveux plus clairs que tout à l'heure et indiqua le petit bassin d'un mouvement de tête.


- Vous avez le temps de vous rafraîchir si vous le souhaitez, murmura-t-il.

Il se fichait bien à présent de la voir rentrer ainsi chez lui. Elle m'avait sauvé, c'était l'essentiel. Sauvé au prix de ses perles... Il baissa furtivement les yeux, honteux, avant de préparer ses affaires pour pêcher. Il devait ramener quelque chose à manger et vite.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 20:32

Le regard vide, adossé à la table, avachie plus qu'assise sans vraiment me soucier de l'image que je pouvais donner, je regardais les volutes de vapeur s'échapper de la marmite pour se perdre dans l'atmosphère, ravie d'être assez épuisée physiquement et moralement pour ne plus penser à rien. Je regardais juste la danse de la vapeur avant qu'elle ne disparaisse peu à peu, coupée du monde... coupée de tout. Je me moquais bien qu'il fasse beau dehors, de l'état de mes cheveux, des brûlures sur mes bras et mes mains - j'avais réussis à préparer cette bouillie, de mes propres mains... et lorsqu'elle serait enfin froide, je pourrais terminer de m'occuper d'Ilmaes. En attendant, je n'osais pas retourner dans la chambre - premièrement, je n'en avais pas encore la force, ensuite encore une fois je ne voulais pas me laisser gagner par le découragement, et enfin... malgré tout, je restais fortement intimidée par le père d'Ilmaes, et je n'osais pas aller l'embêter alors qu'il veillait son fils.

Mais finalement, une éternité plus tard, j'entendis des bruits de pas et redressais machinalement la tête pour voir arriver l'Ondin aux cheveux rouges - hochant brièvement la tête en signe de remerciement, je pris mon courage à deux mains et me relevais pour aller jusqu'au bassin, dans lequel je sombrais littéralement. Prenant enfin conscience de mon stade réel de déshydratation, je restais sous l'eau une bonne dizaine de minutes, avant d'émerger pour retourner à la cuisine voir où en était mon baume. A ma grande joie, il était encore tiède et donc pas au top de son utilisation, mais il avait durcit en refroidissant, se transformant en une sorte de gel qui me procura une sensation de fraicheur lorsque j'y enfonçais mon doigts pour tester la température. Ravie, j'essorais rapidement mes cheveux que je tressais ensuite, avant de retourner dans la chambre d'Ilmaes pour déposer la marmite à côté de son lit - j'en avais fait une bonne quantité... mais vu l'état de ses plaies, rien ne serait gâché. Récupérant dans mon panier les bandages que j'avais acheté, je remis de l'eau à chauffer pour préparer une infusion censée faire tomber la fièvre, et le temps que l'eau chauffe je retournais au chevet d'Ilmaes.

Plongeant mes doigts dans la gelée, j'en tartinais de généreuses quantités sur les plaies ouvertes, et lorsque j'eu badigeonné presque l'intégralité de son torse, je le redressais un peu pour m'occuper de ses épaules et de son dos... quand mon cœur loupa soudain un battement. Sur son omoplate, épargnée par miracle, la chair était gravement brulée, marquée d'un A... A pour amputation, compris-je avec un temps de retard. Sa sentence... celle des voleurs, une main coupée. Je l'en avais sauvé, une première fois, alors qu'un soldat manifestait d'un léger excès de zèle... cette fois, j'avais bien faillit arriver trop tard... Ravalant une nouvelle crise de larmes, jugeant que ce n'était absolument pas le moment, j'appliquais du baume sur la brûlure, et une fois toutes les plaies traitées j'enveloppais son torse dans un bandage qui s'imprégna du produit - l'opération avait été longue et laborieuse, son corps n'étant plus qu'un poids mort trop lourd pour moi, mais je m'en étais mieux sortie que je ne l'aurais cru, et je le rallongeais, avant de le recouvrir de son châle. Pâle, son front était moite et brûlant, et je retournais à la cuisine pour achever l'infusion et préparer une bassine d'eau fraiche.

Revenant avec une tasse du liquide et la bassine, je lui fit d'abord boire le contenu de la tasse, puis je plaçais la bassine sur la table de chevet, laissant fonde un peu de paume au parfum entêtant dans l'eau avant d'y tremper un linge que je déposais sur son front. Me mordillant la lèvre, je jugeais enfin que je ne pouvais rien faire de plus - installée sur un tabouret, j'avisais le jour déclinant à l'extérieur de la pièce, et je me demandais où avait bien pu partir le père d'Ilmaes...
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 21:00

Après avoir vu Arabyss rentrer dans le bassin, mon père partit pour pêcher un peu. Il fallait que je mange, et il ne savait pas si la Sirène restait chez nous... Il imaginait que oui, pour me soigner, alors dans ce cas il fallait qu'il ramène assez à manger pour nous. De plus, il avait assez confiance en elle pour la laisser s'occuper de moi. Pour ma part, j'étais toujours assommé, sous le châle de ma mère, le front de nouveau chaud et les plaies déjà sales. Ce fut un immense soulagement qui me fit émerger et j'ouvris difficilement un oeil, l'autre restant fermé, surement après un énième coup. Je devinais ma chambre, plongée dans la pénombre, mais le soleil était encore assez présent pour que je distingue Arabyss qui s'évertuait à soigner mes plaies une à une. Chaque fois qu'elle mettait cette étrange mixture sur ma peau, la douleur s’atténuait de façon presque immédiate, me laissant enfin tranquille pour un petit moment.

Mais j'étais encore trop faible pour bouger et du laisser la Sirène me soulever un peu, ce qui me fit grimacer. Chaque mouvement était encore une torture... Mais elle s'arrêta bientôt, quand toute la préparation fut étalée et que mon torse fut recouvert de bandage, je refermais mon oeil, un sourire aux lèvres.


- Je commence sacrément à délirer... me murmurais-je.

Après tout, rien n'était vrai... La fièvre était trop forte, et me faisait croire tout et n'importe quoi, me croyait sauvé... Ca n'était pas une mauvaise chose après tout, comme ça je mourrais en pensant être à l'abri... On posa une tasse brûlante contre mes lèvres et j'avalais l'infusion, me brûlant la gorge au passage. Enfin, un tissu froid recouvrit mon front. Je me sentais bien mieux à présent, presque apaisé. Comme quoi, le délire avait du bon... Je soupirais légèrement, avant de sombrer dans un profond sommeil.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 21:15

Épuisée, je restais sur mon tabouret, avachie dans une position inconfortable, mais je ne m'en rendais pas vraiment compte - dehors, la nuit tombait petit à petit, et le père d'Ilmaes ne revenait toujours pas... Quant à lui, il était toujours aussi pâle, toujours aussi maigre, mais enveloppé dans ses bandages et couvert du châle, il paraissait peut-être un peu moins en danger... il avait même ouvert un œil vague à un moment, je l'avais vu. De toute façon, j'allais m'occuper de lui maintenant. Si j'en avais encore eu les moyens, je serais allé détruire la tronche aux gardiens de prison... mais... c'était quelque chose qu'il valait mieux que je m'interdise à présent, si je ne voulais pas finir dans une cellule vaseuse à me faire torturer. Frissonnant en y repensant, je récupérais le linge sur le front d'Ilmaes, et le trempais à nouveau dans l'eau fraiche et parfumée avant de l'essorer pour le passer doucement sur son visage. Sa lèvre était un peu enflée, et il avait un nouvel œil au beur noir... puis soudain, il entrouvrit un œil, et son murmure me laissa perplexe. Il délirait... pour la peine, je lui fis avaler une nouvelle tasse de tisane, puis je commençais à le veiller... et à cogiter.

Me rappelant cette douce époque quelques semaines plus tôt à peine, celle où il était en bonne santé, celle où j'avais encore un foyer, celle où je pouvais lui taper dessus sans remord, celle où je n'avais rien à craindre de personne... la pression que j'avais contenue de mon mieux jusqu'alors, plaçant Ilmaes en priorité sur mes nerfs, explosa soudain brutalement en moi... et j'éclatais en sanglot, m'effondrant sur le lit à son chevet, enfouissant mon visage dans mes bras. Agenouillée au sol, je pleurais ma stupidité, mon égoïsme, je pleurais l'état d'Ilmaes, je pleurais ma colère de ne rien pouvoir faire pour me venger, je pleurais mon foyer disparu, je pleurais ma crainte de me retrouver à la rue, enfin je pleurais juste parce que mes nerfs me lâchaient... Puis, finalement, lentement, je m'apaisais, assommée par ma propre crise, et je restais longtemps immobile, sans bouger, le regard vide fixé sur un point invisible par la fenêtre.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 21:48

Je m'endormis rapidement, laissant le baume faire effet, rassasié et désaltéré... Ou en tout cas c'était l'impression que j'en avais. J'étais encore persuadé que tout n'était qu'un délire du à la fièvre -Comment aurait-il pu en faire autrement ?- mais je ne m'en plaignais pas, j'étais enfin bien. Alors que je m'étais endormi depuis presque deux heures, mon père rentra, un peu plus chargé que d'habitude. Délaissant sa nasse sur la table, il se dirigea vers ma chambre... Et manqua de s'effondrer en voyant Arabyss pleurer à mon chevet. Heureusement, il remarqua quelques instants après que je respirais encore et poussa un soupir de soulagement. Avançant légèrement dans la chambre, il prit un plaid pour le poser sur les épaules d'Arabyss, puis repartit dans la cuisine pour faire une soupe pour nous trois.

Alors dans la maison se répandait une douce odeur d'herbes et d'épices, ma fièvre augmenta. Le remède faisait effet et mon corps se remettait au boulot avec un eu trop d'ardeur. Je commençais à m'agiter, gémissant dans mon sommeil, en proie à des cauchemars plus horribles les uns que les autres. Je revivais les coups de fouet, qui peu à peu se changeaient en langues de feu, brûlant ma peau et me mettant au supplice. Lorsque je me réveillai, l'oeil complètement fou, j'étais trempé de sueur. Tout se déformait autour de moi, à part deux bras fins et l'odeur de ma mère. Je crus déceler sa chevelure vert sombre et lui sourit, presque soulagé.


- Maman...

Elle était morte, je m'en souvenais à présent. Elle était morte mais pourtant elle était là, auprès de moi et elle me souriait. Je tendis la main sans parvenir à l'atteindre et serrai les draps rageusement. Des larmes commencèrent à rouler sur mes joues alors que je me tendais pour essayer d'atteindre ma mère, tellement loin de moi.

- Maman... Aide-moi... J'en peux plus... Sors-moi de là... demandai-je en pleurant.

Je n'arrivais plus à supporter ma douleur et l'impression que j'étais sorti d'affaire. C'était impossible, personne n'aurait pu payer la caution... Non, j'étais encore emprisonné, au bord du gouffre... Et ma mère venait pour me chercher. Enfin.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 22:05

Lentement, je sentais mes jambes s'ankyloser, des fourmis chatouiller mes pieds, mais je ne bougeais pas, profitant de la léthargie qui suivit ma crise pour accorder une pause à mon cerveau - je devais tenir... de toute façon, pleurer ne servait strictement à rien, même si ça m'avait libéré d'un poids. Mais pour combien de temps... je ne pourrais pas m'offrir une crise de larme chaque fois que la coupe débordera. Je devais être forte... je devais prendre soins d'Ilmaes. Me redressant alors pour regarder un peu si tout allait bien, je sentis avec étonnement une couverture glisser de mes épaules... et lorsque je tournais la tête vers la cuisine, je constatais que la lumière était allumée. Tous mes sens semblaient reprendre vie un à un, et je sentis alors une délicieuse odeur de nourriture flotter dans l'air - c'est à cet instant que je réalisais que je mourrais de faim. Le père d'Ilmaes était rentré ??... je ne l'avais même pas entendu...

Me relevant en grimaçant, j'allais aller voir ce qui se passait dans la cuisine... quand Ilmaes commença à s'agiter. Inquiète, je retournais à son chevet - son front était plus brulant que jamais, et je m'empressais de rafraichir le linge en le retrempant dans la bassine - gémissant dans son sommeil, il bougeait trop... il allait refaire saigner ses blessures... Attrapant ses épaules du mieux que je pus pour ne pas lui faire mal, j'essayais de le maintenir contre ses oreillers, et je me penchais vers lui en le secouant doucement.

- Ilmaes... murmurais-je d'une voix douce. Ilmaes, tout va bien, c'est moi, tu es sorti, tu...


Je m'interrompis net alors qu'il ouvrait les yeux... et qu'il esquissait un sourire en murmurant un faible mot. Il me prenait pour sa mère. Restant interdite quelques secondes... il repris brutalement conscience, et je commençais à peiner à le maintenir.

- Ily, Ily s'il te plait soit raisonnable, reste tranquille, tu vas te faire mal !! essayais-je de le raisonner alors qu'il se débattait - il était dans un état lamentable... s'il continuait comme ça, j'allais me remettre à pleurer.


Le voir comme ça me dégoûtait - c'était presque insupportable...
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 22:26

Mes larmes roulaient toujours sur mes joues alors que je voulais tenir ma mère contre moi, pour qu'elle n’emmène avec elle et que je sois enfin libéré. J'arriverais à supporter ma condition tant que je délirerais, tant que je croirais être chez moi, mais quand la réalité refera surface, ce sera encore plus insupportable. Si je pouvais partir maintenant, et pas dans quelques jours en souffrant... Je n'attendais que ça. Mais quelque chose m'empêchait de bouger, ce qui ne me calma pas, au contraire : je m'agitais encore plus, cherchai à me libérer de l'étreinte qui me bloquait.

Mon père, surpris par le brusque demi-tour qu'avait opéré Arabyss, lâcha sa préparation pour la rejoindre et la voir batailler pour que je reste calme. Elle tremblait, n'avait pas assez de forces pour me contenir malgré mon faible état. Peut-être parce qu'elle était au bord des larmes. Se plaçant de l'autre côté du lit, il poussa légèrement Arabyss pour prendre sa place, posant sans ménagement ses grandes mains sur mes épaules.


- Je m'en occupe. Allez faire un tour dehors, il lui faut plus de bandages, et quand vous rentrerez, mangez un peu, lui ordonna-t-il en se voulant ferme.

Il attendit que la jeune Sirène s'en aille pour raffermir sa prise sur mes épaules alors que je me débattais en hurlant face à ce nouveau monstre sorti de ma fièvre. Je voyais ma mère s'éloignait et hurlais pour qu'elle revienne, pour qu'elle ne m'abandonne pas... Mais malgré mes suppliques, rien n'y faisait, j'étais seul avec cette masse imposante qui me lacérait les épaules, m'empêchant le moindre mouvement. Je ne m'arrêtai pas de hurler, mes cris se transformant en sanglots douloureux, qui durèrent longtemps, avant que je ne me calme assez pour que mon père quitte mon chevet pour me faire manger un peu de soupe. Avec le tissu de nouveau frais sur mon front, je me rendormis de nouveau, enfin calme. Les plaies sur mes épaules s'était rouvertes, ainsi qu'une profonde blessure sur mon abdomen. Epuisé, je ne m'en rendais même pas compte... Mais mon père, coupable, ne voyait plus que ça.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeMer 13 Fév - 22:44

Le spectacle de ses joues osseuses inondées de larmes était intolérable, et je m’arc-boutais contre lui pour essayer de le maintenir sans grand succès - en revanche, j'arrivais encore à contrôler mes larmes, mais s'il continuait à m'appeler, je n'allais pas tenir longtemps. Horrifiée, je vis le sang commencer à tacher les bandages propres, et je me démenais de plus belle, mais j'avais tellement peur de lui faire mal...

- Ilmaes... s'il te plait, c'est moi, calme toi... suppliais-je dans un sanglot.


Mais alors que le sang continuait à tacher les bandes blanches, de grandes mains chaudes et fermes me repoussèrent, et je relevais les yeux sur le père d'Ilmaes... avant de hocher la tête. Je n'avais pas le cœur à rester... finalement, je n'étais pas capable de supporter de le voir dans cet état... je n'étais pas... assez forte... Quittant la maison à contre-cœur, l'air frais me fit pourtant du bien - mon panier sous le bras, j'arrivais de justesse à la boutique pour racheter une réserve de bandages, et de là je fis un détour par la plage. Le vent du large fit voleter mes cheveux humides et sécha mes larmes, et le spectacle des vagues miroitant sous la lumière de la Lune m'apaisa un peu - mais je devais rentrer...

Arrivée dans la rue, j'entendis des cris, me précipitais dans la cuisine... m'arrêtais net en comprenant que l'état d'Ilmaes semblait être à son paroxysme. Me mordillant la lèvre, je posais mon panier sur le banc à côté de moi, et, obéissante, je pris un bol de soupe que je n'eu même pas le courage d'entamer. J'entendais Ilmaes se débattre, son père lutter, j'imaginais le sang tacher les bandages, rouler sur les draps... je mourrais de faim, mais la simple idée d'avaler quoi que ce soit me donnait la nausée. Rapidement, les faibles cris d'Ilmaes se changèrent en sanglots étouffés, et j'aurais voulu aller le consoler, le réconforter, tout mon être me hurlait de retourner à son chevet... mais le courage me fit défaut, et à la place de nouvelles larmes roulèrent sur mes joues, dur constat de ma propre lâcheté. Une ombre passa, le père d'Ilmaes récupérant un bol de soupe pour son fils, et je songeais qu'il faudrait aussi le baigner avant de refaire ses bandages... Le silence qui retomba ensuite était assourdissant - hagarde devant mon bol de soupe intact, je fixais une rayure sur le bois poussiéreux, piquant lentement du nez sans même m'en rendre compte.
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MessageSujet: Re: Blackout (Privé) Blackout (Privé) Icon_minitimeJeu 14 Fév - 10:27

Après ma crise, je sombrai de nouveau dans un sommeil lourd, ma fièvre baissant assez pour m'épargner pendant quelques heures. Mon père, après avoir vérifier que j'allais mieux, se leva de la chaise pour sortir de ma chambre. Il se servit un bol de soupe, l'avalant rapidement pour revenir à mon chevet. Il observa Arabyss qui n'avait pas touché à son assiette et semblait sur le point de s’effondrer, mais ne dit rien. Il ne pouvait pas s'occuper de deux personnes à la fois, et si elle ne se sentait pas assez forte pour l'aider, il n'allait pas perdre son temps à l'encourager. Elle devait se forcer à manger un peu, pour tenir le coup, même si chaque cuillère lui semblait plus dégoûtante que la précédente. Elle devait dormir un peu aussi, mais il était persuadé qu'elle le savait. A elle de mettre tout ça en oeuvre.

Après avoir mangé, il reparti dans ma chambre pour défaire les bandages salis, laissant mes plaies à l'air libre. Ne s'y attardant pas, il me prit dans ses bras pour m'immerger dans l'eau, lavant le sang et le baume qui avait fait son effet... Mais il en fallait encore. Après m'avoir nettoyé méticuleusement, il vit avec un peu de satisfaction que mes cheveux avaient pris une teinte gris perles, plus clairs qu'à mon arrivée. Me sortant de l'eau, il m'enveloppa dans la serviette la plus douce qu'il ait pu trouver pour me reposer sur mon lit, avant de regarder la marmite de baume... Et de partir dans le salon.


- Il faudrait soigner ses plaies de nouveau, demanda-t-il à Arabyss, ne sachant pas comment faire lui-même.

Mine de rien, il avait besoin de son aide...
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