Heureuse de me voir ? {privé}

J'essuyais mon visage avec un linge propre, soupirant après avoir passé le tissu contre ma peau. Un bref coup d'oeil dans ce qui me servait de miroir me suffit pour que je me redresse et commence à m'habiller. Préparé et armé, je dû me résoudre à retourner voir la Princesse. Je suppose que avec n'importe quelle personnalité la tâche m'aurai été dure. Quel enfer que de devoir côtoyer une gamine insouciante. Notre première rencontre, pas plus tard qu'hier, étira un sourire en coin sur mes lèvres. Si je ne la détestais pas autant je pourrais presque m'amuser, elle est tellement prévisible de naïveté. D'ailleurs, à part se plaindre à son cher et tendre papounet elle n'a même pas été capable de me remettre en place en bonne et du forme. Très amusé par cette constatation, je quittais ma chambre, sûr de moi. Finalement moi qui m'était préparé à combattre des difficultés à différents niveaux je me rendais compte au fur et à mesure de la facilité de mon épreuve en ce qui concernait cette petite écervelée.

Aucune chance qu'elle me résiste. Défilant à pas sur dans les couloirs, je montais jusqu'à ses appartements et, d'avance exaspéré je me forgeais un masque moqueur que je n'aurais pas trop de mal en voyant ses réactions à garder. Les bras croisés sur mon torse forgé par l'entraînement, j'appuyais une épaule contre le mur à côté de sa porte pour qu'elle m'ait bien en vu dès qu'elle l'ouvrirait. Quoi de plus agréable que de me voir dès le matin n'est ce pas Princesse ?

Je m'étais levée assez tard ce matin. Je n'avais pas d'entrainement de prévu et Spyke n'avait pas besoin de moi aujourd'hui. Aussi avais-je décidé de dormir un peu avant de faire le tour de la ville tranquillement. Me brossant les cheveux en regardant l'extérieur, je restais soucieuse dans ma longue robe en velours bleu. Je ne savais pas trop quoi penser de ma rencontre avec le nouveau soldat de la garde royale. Il m'avait terriblement agacée hier, mais je ne voulais pas me laisser faire ainsi... Histoire de ne pas le voir atteindre ses but.

Quelques coups à ma porte attirèrent mon attention. J'avais demandé à mes dames de compagnie de me laisser pour la matinée, j'allai donc ouvrir, étonnée... Pour ouvrir de grands yeux en croisant le regard sombre du Diossad. Aaargh ! Je n'avais pas du tout envie de le voir ! Fronçant les sourcils, je me redressais.

- Je n'accepte pas qu'on me dérange ce matin, assenai-je en refermant la porte.

Non, je n'acceptais pas QU'IL me dérange, quelque soit le moment de la journée !

Ah ! Un vrai régal. Pouffant intérieurement à son expression mi choquée mi catastrophée, je me félicitais de déjà déclenché ce type de réaction. Elle reprit une contenance en se dressant, fière comme un paon puis elle tenta de se donner un air sévère en fronçant les sourcils. Son annonce ne me fit ni chaud ni froid et je faillis presque en rire en haussant un sourcil moqueur avant de coincer la porte de mon pied :

- Pas si vite votre Altesse, je ne suis pas là pour rien vous vous en doutez souris-je, insolent.

J'attrapais la tranche de la porte et j'ouvris un peu plus celle ci pour passer aisément ma tête, me rapprochant ainsi de la Princesse avec un air moqueur. Très libéré, je ne m’embarrassais pas de protocole, espérant que ça ne me coûterait rien. A vrai dire je n'étais pas certain de ne pas la faire sortir de ses gonds au point qu'elle réussisse à me faire désengager. Mh de toute manière tester son seuil de tolérance ne me fait pas risquer grand chose, elle ne sait même pas ce qu'elle veut elle même. Décidant de jouer à nouveau la carte du charme je souris malicieusement :

- Puis-je me permettre de vous complimenter Princesse ? Vous êtes ravissante aujourd'hui même si, oh ! que vois-je, vous vous faites des rides vous savez à grimacer de la sorte, finis-je, brisant le charme.

Ravissante ? Ecoeurante d'insouciance oui. Sa mine renfrognée n'était pas pour me déplaire cependant, la haine n'est-elle pas une forme d'amour ?

Alors que j'allais fermer la porte, l'elfe la bloqua sans peine. Je me maudissais d'être aussi frêle. Même si je m'entrainais jour et nuit, je serais incapable de pouvoir lui résister physiquement... Et cette simple constatation m'énervait encore plus. Son sourire insolent me donna envie de le frapper. Mais qu'avait-il à sourire ainsi tout le temps ?! Il ne se rendait pas compte que je pouvais... Non, en fait, je ne pouvais rien fait, et c'était ça le pire dans l'histoire. Père avait mis l'accent sur ma sécurité et apparemment, il était là pour la préserver... J'avais bien peur que toutes les remontrances du monde ne lui fasse pas ravaler son sourire. Me reculant alors qu'il s'approchait de moi, je croisais mes bras sur ma poitrine.

- Alors exposez-moi la raison de votre venue, que vous puissiez ensuite me laisser en paix !

Je le fixais, étonnée à son compliment... Avant de rosir de colère. Non mais pour qui se prenait-il ?! Me retenant de ne pas hurler, je soupirais fortement.

- Et bien ces grimaces sont de votre faute, éloignez-vous de moi et elles disparaitront de mon visage...

Il m'avait à peine parlé qu'il me pousser déjà dans mes retranchements. Et dire que je m'étais levée de bonne humeur ce matin...

Je souris, toujours amusé :

- Malheureusement commençais-je d'un air profond et théâtral. Malheureusement... Pour vous, on dirait, je fais partit de votre garde royale, de ce fait il me parait... Logique de venir m'assurer de votre sécurité... citais-je avant de ne pouvoir me retenir d'ajouter. Au cas où vous vous mettriez un coup de brosse par mégarde.

Très souriant, je l'observais, attentif à sa réaction qui n'allait pas traînée. Face à son étonnement ça me brisait presque le coeur - ironie quand tu nous tient ! - de me moquer d'elle ensuite. Furieuse, elle en rosit légèrement et je levais un peu les sourcils l'air de dire que ça allait chauffer, toujours aussi insolent. Visiblement agacée, elle me répondit sans prendre de gants ce qui m'amusa de plus bel et je portais une main à ma poitrine comme touché en plein coeur, mes grands talents d'acteur revenant au galop en une parfaite expression de profonde tristesse :

- Oh ! Voilà une nouvelle bouleversante, moi qui croyait que vous étiez folle de moi soupirais-je avant de lui faire un clin d'oeil quelques secondes plus tard.

Je vais trop loin ?

J'avais détourné mon regard de lui alors qu'il m'exposait presque machinalement la raison de sa venue. Ce n'est pas parce qu'il fait partie de ma garde qu'il doit venir dans mes appartements dès qu'il en a l'occasion... Encore plus si c'est pour se moquer de moi ! Je le fusillais du regard, perdant les dernières parcelles de patience que j'avais.

- Je me débrouille très bien avec ma brosse, ce serait plutôt à vous de veiller à ne pas en ramasser un par inadvertance.

Plus il ouvrait la bouche, plus il m'énervait. Jamais ça ne m'étais arrivée jusqu'alors, mais on ne m'avait pour ainsi dire jamais parlé comme ça. Sa dernière remarque me fit lever les yeux au ciel. Mi ? Folle de lui ? Et moi je suis la Reine d'Erbolav ! Détournant le regard, je remarquais ma cape, prête à porter... Et une idée me vint.

- Et bien, vu que ma sécurité vous intéresse tant, vous allez m'accompagner. J'ai plusieurs choses à faire en ville et j'ai besoin de quelqu'un pour me suivre...

... Et porter la marchandise dont je vais avoir besoin. Cette idée qui germait en moi me convenait parfaitement : j'allais trainer le soldat dans tout Eadj, en supportant le mieux possible son caractère, pour lui faire porter tout ce que j'allais acheter...

Je souris en coin, cette fois ci charmeur et amusé. Alors comme ça elle oserait me mettre un coup de brosse ? J'en tremble. Si elle pense pouvoir m'atteindre c'est sacrément optimiste, même avec une échelle je ne suis pas persuadé qu'elle puisse atteindre le haut de mon crâne. Décidant de ne cependant pas la sous estimée je restais légèrement méfiant tout en cherchant à exécuter au mieux ma... Mission. Pour la première fois elle me surprit un minimum et je haussais un sourcil. Aller, avec elle ? En ville ? Je me mis au garde à vous, sérieux puis je me détendis avec un sourire en tirant la porte :

- A votre service votre Altesse insistais-je en me courbant face à elle. Après vous.

Je lui indiquais le chemin. Heureusement que je passais mon temps à la prendre pour une imbécile, sinon je crois que je n'aurais pas supporté d'être à son service, rien que ça vu me dérange, elle n'a aucune personnalité, elle est inutile - du moins j'en étais convaincu et je devais absolument garder à l'esprit ce que j'avais à faire sans voir plus que ce qu'elle est, une misérable victime, Ma victime.

Ma demande, ou plutôt mon ordre, sembla le surprendre. Tant mieux, si ça pouvait le calmer pendant quelques minutes, ça me ferait des vacances... Je pris ma cape pour l'attacher autour de mon cou, avant de passer devant lui lorsqu'il s'inclina. Je ne voulais pas me laisser faire comme ça et un petit tour de la ville lui ferait le plus grand bien. Peut-être qu'entouré de monde, il ravalera son insolence insupportable sans que j'ai à employer la force, ce que je ferais en dernier recours.

- Bien. Nous irons donc sur le chantier d'une aile du palais pour l'état des lieux, avant d'aller chercher les herbes dont j'ai besoin et de choisir la robe que je porterais pour la prochaine réception. J'aurais besoin de bras pour porter tout cela... rajoutai-je avec un grand sourire hypocrite.

Et qu'il ne s'avise pas de répliquer, ou je pourrais le faire virer pour manquement à l'honneur... Après tout ma garde personnelle pouvait aussi m'aider, non ?

Souriant, je retrouvais un peu de mon sérieux maintenant que nous étions dans les couloirs. Il ne valait surement mieux pas que je lui manque de respect en publique. Elle commença à m'annoncer le planning et son sourire hypocrite sur la fin m'amusa - comme si elle pouvait me donner une vrai corvée à faire... Et visiblement oui. Blasé, je tiquais en plissant un peu les yeux. Donc non seulement je dois jouer la nounou toute la journée mais on plus je dois porter ses affaires ? Quand est ce que je devrais jouer les domestiques et aller faire son lit ? Ca rentre pas dans le contrat ça... Quoique faire le joli coeur pour sa majesté n'est pas franchement plus glorieux.

- Si tel est votre désir lançais-je, ironique.

Lui emboîtant le pas je rajustais ma veste ainsi que ma cape doublée avant de penser à quelque chose :

- Vous souhaitez vous déplacez à cheval ou à pieds ?

Plus vite je serais partit d'ici mieux je me sentirais.

Je le remarquais tiquer avec un mélange de fierté et de jubilation. On ne dit plus rien d'un coup ! Son ironie ne m'atteint même pas pour cette fois-ci, trop contente de le voir appliquer ce que je venais de lui dire. Les couloirs avaient beau être peu peuplés, il se gardait pour le moment de dire quoi que ce soit. Avançant tranquillement sans plus lui accorder un regard, nous arrivâmes rapidement à l'entrée principale et, alors que je m'apprêtais à sortir, je me tournais vers Anarion.

- Je préfère parcourir les rues d'Eadj à pied, lui répondis-je le plus naturellement du monde.

Pour moi c'était une évidence : J'aimais marcher avec les citoyens d'Eadj, les saluer et leur parler, afin de savoir s'ils manquaient de quelque chose. Je m'occupais en grande partie de la cité, Père avait accepté de m'incomber cette tâche et je m'efforçais de la remplir au mieux. Réajustant ma cape, je sortis en saluant les gardes, avant de relever légèrement ma robe pour descendre les escaliers sans tomber. Ce serait dommageable que je me casse quelque chose en dévalant les marches... Et je ne donnerais aucune matière qui pourrait permettre au Diossad de se moquer de moi.

Profondément blasé je ne relevais même pas son expression ravie. Si je devais être fier de moi à chaque fois que je la perturbe j'aurais tout le temps l'air d'un jeune diplômé. Étonnamment silencieux, j'espérais qu'elle n'avait pas la naïveté de croire que je m'étais assagi, ce n'est que le calme avant la tempête. Réfléchissant d'ailleurs à un moyen de la faire craquer aussi vite que possible pour infiltré au mieux et rapidement la famille Ab'Alinuë. Elle me répondit au sujet de notre mode de transport et je me contentais d’acquiescer. C'était assez particulier pour une Princesse... Mais ça ne modifiait pas mon avis sur elle, loin de là je paris qu'il y a une raison stupide à tout ça, un truc bien gentil bien "mignon". La suivant sagement, je me contrôlais parfaitement pour ne pas laisser transparaître mon aversion pour elle. Elle pensait être tellement, sa compagnie m'était parfois presque insupportable. Dès qu'elle remonta très légèrement sa robe je faillis sauter sur l'occasion mais finalement j'avais définitivement du mal à lui parler - mais je devais faire des efforts. En fait j'attendais surtout qu'elle réengage le dialogue.

J'arrivais en bas des marches et Anarion n'avait toujours pas réouvert la bouche. Tant mieux, ça me fera des vacances ! Marchant vers notre première étape, c'est à dire le chantier d'une aile du palais. Alors que je marchais calmement, la tête découverte, je souris aux elfes que je croisaient et ils me répondaient avec plaisir. Ils avaient pris l'habitude de ne plus s'incliner devant moi lorsque je marchais en ville, sachant que je n'était pas partisane de ce concept. En pleine rue, nous n'avions pas le temps et je n'étais pas assez orgueilleuse pour l'ordonner.

Après quelques instants de marche, nous arrivâmes au pied des marches menant à la rénovation. Levant le nez pour tenter d'apercevoir quelqu'un, je regardais ensuite le soldat Diossad avec un petit sourire.

- Vous souhaitez peut-être m'attendre en bas ? Je peux me débrouiller toute seule pour cette partie de notre... Balade.

Oui, j'avais envie de l'embêter jusqu'au bout, j'allais jusqu'à prévoir de ramener plus de choses que nécessaire seulement pour qu'il les porte...

Observant sa souveraineté, je constatais que elle se tenait à peu près à l'égal du peuple, sans vanité. Surement un jeu de façade... Ou alors elle est naïve à ce point. Mais après tout qu'elle vive dans son monde parfait et tranquille, je n'en ai rien à faire. Une erreur de la juger trop vite ? Ce n'est pas comme si je cherchais à l'apprécier, c'est même tout l'inverse. Observant son dos, mon regard s'assombrit légèrement. Je n'aurais qu'à sortir une arme, qu'on en finisse, ça prendrait si peu de temps... Soupirant, je continuais à avancer avant de lever le menton en levant les sourcils. Qu'est ce qu'elle insinue encore ? Puis une "balade" ? Ce n'est pas censé être plaisant les balades ?... Je haussais finalement les épaules :

- Comme bon vous semble votre altesse, ce n'est pas à moi de décider dis-je, maintenant plutôt froid et distant.

Elle ne va décidément plus rien y comprendre, je suis impatient de voir ce qu'elle va me répondre.

Observant mon "garde", j'attendais sa réponse presque avec impatience, histoire de voir ce qu'il allait trouver à me répondre. Etonnement, il me répondit simplement, en employant un air distant et froid, que je ne pensais pas voir faire partie de son répertoire de mimiques insupportables. En même temps, j'avais senti son regard peser sur moi lors du trajet... S'était-il enfin calmé ? Quelque chose me disait que non, que ce n'était que le revers d'une médaille qui n'allait pas me plaire, mais tant pis, j'en profitais pour le moment. Lui offrant un sourire lumineux d'hypocrisie, je commençais à monter quelques marches en relevant ma robe.

- Dans ce cas, attendez-moi ici... Et ne me faites pas faux bond surtout.

J'avais l'impression de lui ordonner de rester ici, comme un chien attendrait son maître et, bien que je n'aimais pas l'idée, en cet instant je me délectais de la comparaison. Détournant mon regard du soldat brun, je continuais mon ascension vers les ouvriers qui m'attendaient en haut.

Je haussais un sourcil. N'est-elle pas charmante notre chère Princesse ? Pas bouger Anarion, ouiii c'est bien. Exaspéré je restais droit comme un I jusqu'à ce qu'elle ait gravit quelques marches, suffisamment pour que je puisse me détendre du moins, maintenant qu'elle était plus loin. Satané bonne femme. Finalement j'avais sous estimé son côté peste, il est bien caché sous toute ses couches d'amabilité et d'étiquette sans compté sa si agréable gentillesse. M'asseyant sur les marches, je posais mes coudes sur mes genoux et je me frottais le bas du visage avec l'intérieur de ma main en fixant un point devant moi, songeur. Je ne dois surtout pas laissé mes humeurs jouaient un rôle là dedans... Je dois me contrôler au mieux, faire en sorte qu'elle soit vraiment folle de moi.

Réfléchissant, je me retournais un peu pour regarder le haut des marches et voir si elle n'arrivait pas par hasard, maintenant que j'étais à peu près en condition pour être tout ce dont elle rêve. Mais pour ça il me fallait encore l'observer, je ne la connaissais pas encore suffisamment pour pouvoir jouer sur ce genre de choses. Pour le moment, je ferais surement mieux de me comporter différemment afin qu'elle s'y perde. Il me faut arriver à l'énerver mais qu'elle continue à se dire que je ne suis pas si mal tout compte fait... Une bonne action dans le village serai surement un bon début. Ensuite continuer à ne pas être le bon soldat qui aime en silence semble porter ses fruits donc poursuivre dans cette idée me parait plus qu'ingénieux. Finalement j'en eu marre d'attendre et regonflé à block, je me levais pour aller rejoindre.

Une fois en haut des marches, je regardais de tous les côtés à sa recherche et je commençais à m’aventurer sur le chantier, les travaux ne s’étendant pas trop me permettant de ne pas avoir à la chercher sur un périmètre trop important. Plissant les yeux, j'eus un instant où l'idée qu'elle avait pu choisir de partir sans moi ne me parut pas totalement exclue puis je trouvais enfin cette maudite Princesse et j'avançais vers elle, absolument pas en danger, très attentif - il manquerait plus qu'elle ait à me "sauver"... Mais qu'est ce que je raconte, ça n'arrivera jamais !

Après avoir monté les marches me menant à l'aile du château en rénovation, je partis rejoindre les ouvriers qui m'attendaient. Visitant le chantier à leur côté, je les écoutais attentivement, désireuse de savoir s'ils avaient besoin de quelque chose de spécial ou non. C'était le rôle que m'avait confié Père et je l'appliquais avec le plus de minutie possible.

Après avoir parlé de l'avancement des travaux, pris quelques doléances, je refis le tour du chantier, avant d'observer Anarion qui arrivait négligemment jusqu'à moi. Que ce passait-il ?... J'espère qu'il avait une bonne raison pour venir alors que je lui avais demandé de m'attendre ! S'il continue à ignorer ce que je lui dit, alors qu'il me laisse la possibilité de choisir à sa place, je vais commencer à m'agacer un peu plus... Pourtant, loin de m'énerver, je me calmais en me disant qu'il avait peut-être une bonne raison pour venir me trouver. M’avançant légèrement vers lui en remerciant les constructeurs, je le regardais avec un soupçon d’inquiétude.

- Que se passe-t-il, il y a un problème ? lui demandai-je une fois à sa hauteur.

Pourtant, vu son air peu concerné, je pourrais jurer que non...

Finalement ce fut elle qui vint à moi et je lui lançais un regard distrait, attentif aux alentours tout en la rejoignant également. Une fois à la même hauteur, elle s'empressa de me questionner pour connaître la raison de ma venue alors que j'étais censé l'attendre et je haussais négligemment les épaules, restant cependant discret pour qu'on ne nous remarque pas et qu'on n’aperçoive pas mon geste dédaigneux envers sa Majesté.

- Oh, c'est simplement que je me suis dis après réflexion que c'était mal remplir mon travail que de ne pas vous accompagnez partout Princesse répondis-je légèrement ironique et insolent sur les bords.

Un léger sourire naquit sur mon visage et je la regardais dans les yeux sans gêne alors que j'aurais peut-être dû selon l'étiquette fuir son regard. Tout ça ne voulait rien dire pour moi mais j'aspirais à ce qu'elle ne voit que par moi, moi, moi et moi. Tournant la tête sur un côté, je reposais ensuite les yeux sur elle :

- Avez-vous terminé ? questionnais-je avec une pointe d'impatience peu suffisamment dissimulée.

J’enchaînais avec un sourire des plus charmeurs qui s'accrocha sur mes lèvres le plus naturellement du monde.

Le haussement d'épaules du soldat me hérissa un instant, mais je ne laissais rien paraitre, me formant un masque courtois devant le présomptueux qui me servait de garde du corps. Un jour il va me faire hurler, c'est tout ce qu'il va réussir à gagner ! Mais alors que j'allais lui répondre, son regard aussi sombre que les abysses fiché dans le mien me perturbais légèrement. Pourquoi ne baissait-il pas les yeux, comme tout le monde ?!... Il ne parvenait qu'à me mettre mal à l'aise.

Fuyant son regard, je soupirais d'agacement à sa question.

- Oui, j'en ai fini. Mais vous auriez pu m'attendre en bas, l'effet aurait été le même...

Passant dédaigneusement devant lui, j'entamais ma descente des marches sans plus me préoccuper du Diossad. Il allait regretter d'être parti du chantier... Parce qu'à présent, il allait me servir de porteur !

Particulièrement amusé de son esquive visuelle, je me redressais un peu avant de faire un signe de garde à vous elfique ironique puis de descendre à sa suite. Faisant correctement mon travail, je ne ne relevais pas sa remarque, mon geste avait parlé de lui même - cause toujours tu m'intéresse - et j'observais donc les alentours, attentif à quelques dangers afin d'en profiter pour la charmer avec mes qualités de chevaliers servants. Jetant tout de même de fréquents coups d'oeils dans sa direction également, je me sentais vraiment ridicule au fur et à mesure que je veillais à l'assurance du moindre de ses pas. Surtout qu'il n'y avait rien de bienveillant dans chaque regard que je posais sur elle... Au final si elle se tordait le coup en chutant j'en serai bien arrangé. Tiré de mes pensées une fois au bas des escaliers, j'attendis mes prochaines instructions, un sourcil moqueusement relevé et un faible sourire en coin sur les lèvres. Que puis-je à présent faire pour satisfaire les désirs de sa bien aimée Majesté ?

J'étais en pleine descente des marches et n'étais toujours pas calmée. Anarion avait réussi à faire voler en éclats la douceur et la bonne humeur que m'avait procuré cet entretien avec les elfes chargés du chantier, pour la remplacer par de l'agacement. Pourquoi était-il toujours obligé de se montrer insolent et irrespectueux ?! Je ne demandais pas des courbettes toutes les demi-heures, mais je ne voulais pas tmber dans l’extrême non plus ! Il faisait tout pour me désarçonner et le pire, c'est que par moments, il y arrivait.

Arrivant enfin en bas de marches, je saluais d'un sourire quelques passants, avant de me retourner, cordiale, vers le soldat... Pour finalement lui tourner le dos, déjà énervée par son beau visage qui n'attendait qu'une chose : que mon poing vienne le déformer. J'inspirais profondément avant de reprendre ma marche, me dirigeant vers la boutique d'herbes médicinales où je devais récupérer quelques plantes.

- Suivez-moi, vous allez devoir porter le paquet de plantes que je dois utiliser pour mes onguents, lui ordonnai-je sans lui accorder un regard, la main sur la poignée de la porte de la boutique.

Je rentrais ensuite, saluant la vendeuse qui s'inclina en retour, avant de commencer à chercher ce sont j'avais besoin.

Mon air moqueur se renforça à peine la constatation de son énervement faite. J'avais réussi à la troubler sans trop en faire et c'était parfait, elle était à deux doigts d'avoir le bout des oreilles rouges d'agacement tant elle bouillonnait et à vue d'oeil il me suffirait d'une remarque déplacée de plus pour qu'elle explose et quelle explosion ce serai. Pas du tout inquiet, même très amusé de voir qu'elle m'ignorait je dirigeais mon regard sur elle lorsqu'elle prit la parole. Ses instructions me tirèrent un soupir accompagné d'une grimace, lèvre inférieure chevauchant lèvre supérieure et nez froncé. Je ne pensais pas avoir signé pour porteur et nounou... Un faible sourire mauvais étira mes lèvres - non, j'ai signé pour meurtre royal. Quand même embêté, je ne pouvais pas échappé à son ordre et je traînais plus ou moins des pieds à sa suite dans la boutique. Adoptant une attitude neutre pour qu'elle ne remarque pas à quel point j'étais agacé et pour remplir mon rôle devant les Elfes présents, je me plantais dans un coin et je la suivis des yeux sans broncher, ayant juste très rapidement adressé un salut de la tête à l'herboriste par politesse.

Bonne femme de malheur...

Satisfaite de ne rien entendre en retour de mes ordres, je rentrais dans la boutique, savourant presque le bruit que faisait Anarion en trainant des pieds. Ma demande avait l'air de l'agacer au plus haut point et ça n'était pas pour me déplaire. Souriant un peu plus que tout à l'heure, je regardais les étagères avec attention, cherchant ce dont j'avais besoin. Je parlais poliment avec l'herboriste, lui demandant quelques conseils, avant de finalement poser devant ce dernier les produits qui emplissaient mes bras.

Après l'avoir empaqueté, je le payai et me tournai ensuite vers Anarion, ne touchant pas à mon paquet. Je le fixais avec un petit air de défi, lui demandant silencieusement de faire ce que je lui avais demandé, sans que j'ai à le reformuler. Je n'étais vraiment pas comme ça d'habitude, portant mes affaires sans demander d'aide, mais je voulais lui faire payer ses sourires et ses regards aguicheurs. S'il tenait tant à être dans ma garde personnelle, il allait également être mon sous-fifre. C'était ma manière de lui faire comprendre que l'avoir à mes côtés ne me plaisait vraiment pas.

Droit comme un I, je serrais la mâchoire en attendant qu'elle ait terminé, constatant qu'elle prenait visiblement son temps. C'est pas comme si je devais aller quelque part en même temps alors ça devrait pas m'énerver... Mais je préférerais sérieusement être ailleurs qu'ici. J'en profitais pour continuer à la décortiquer, analysant son comportement envers les autres. Elle n'a pas l'air trop prétentieuse, ou bien ce n'est qu'une façade et en vérité elle se moque bien du pauvre herboriste à ses pieds. Je réfléchissais sur ça quand je sentis son regard sur moi et je croisais ses pupilles fendues avant de diriger mes yeux sur le comptoir où m'attendaient ses premiers achats. Remontant le coin d'une lèvre dans un grognement étouffé, je gardais mon calme même si la notion de larbin me hérissait. La transperçant du regard sans détourner ma vue de la sienne un instant, j'avançais presque menaçant avant de m'emparer de ses courses et de lui emboîter le pas, pour le moins mécontent.

Elle se moque de moi en plus.

Rien qu'à l'idée de sa satisfaction évidente, j'inspirais profondément et me mis une claque. Je suis stupide, si je continue sur cette voie elle va réussir à me faire éjecter sans autre forme de procès et je ne remplirais jamais ma mission. Mes motivations firent passer un voile sur mon regard et je redressais un peu la tête, les idées de nouveau en place. Professionnel, je gardais mon côté taquin et amusé, expression qui quittait rarement mon visage et je m'approchais de la Princesse - hum.

- Votre Altesse puis-je connaître notre prochaine destination afin d'assurer du mieux que possible votre sécurité ? demandais-je, mettant en valeur le fait que je sois "indispensable".

Parler serai surement une bonne chose, il faut que je ne puisse plus sortir de sa tête.

Attendant patiemment, je jubilais presque intérieurement en entendant le grognement mécontent qu'il tentait d’étouffer. Râle donc tant que tu veux, tu es obligé de m'obéir, que ça te plaise ou non. Ne lâchant pas son regard, je le laissais s'approcher, cachant du mieux que je pouvais qu'il m'intimidait presque, avec cet air menaçant. Hors de question que je me laisse faire face à lui, il n'était qu'un simple soldat, je pouvais lui pourrir la vie en un claquement de doigts, je pouvais même le condamner à mort si je le voulais. J'étais supérieure à lui, et lui il n'était rien du tout.

Secouant légèrement la tête pour chasser ces pensées que je trouvais horribles, je sortis de la boutique avec Anarion sur mes talons. Marchant fièrement, le menton haut, je me tournais à peine vers le soldat lorsqu'il s'adressa à moi.

- Je vous ai déjà fait part de notre destination, mais vu que vous n'avez apparemment pas accordé d'importance à ce que je vous ai dit... Je dois essayer et récupérer une tenue préparée pour le prochain banquet royal. La boutique n'est pas loin.

Et toc. Marchant toujours du même pas, j'arborais presque un sourire triomphant, avant de remarquer un petite elfe s'avancer vers moi après avoir échappé à la surveillance de ses parents. Il devait avoir à peine cinquante ans et me tendait de petites mains potelées. Je m'accroupis pour l’accueillir avec douceur, l'empêchant gentiment de s'éloigner alors que sa mère s'approchait pour le récupérer. Mais, bien vite lassé de me voir, le petit se tourna vers Anarion pour s'en approcher et je le fixais, le menaçant silencieusement. S'il faisait quoi que ce soit à cet enfant... Je le tuais sur place.

Je haussais légèrement un sourcil. Si ce qu'elle disait était intéressant je l'écouterais plus souvent. Je retins un sourire, sachant que la voir essayé une tenue serait surement plus amusant que de rester planter à l'attendre choisir quelques herbes. Alors que nous marchions, je surveillais les alentours et je remarquais un gamin qui observait la Princesse mais n'en jugeant aucuns dangers, je continuais mon inspection. Seulement, le petit qui devait tout juste avoir cinquante ans se rua dans nos pattes. Je fus surpris qu'il aille voir la Princesse car elle ne m'inspirait rien de positif mais visiblement l'instinct du jeune Elfe ne pouvant pas le tromper elle ne devait pas être si mauvaise que ce que je voulais bien croire. Je soupirais en ralentissant pour finalement m'arrêter tandis qu'elle lui souriait. Mais, lorsque l'enfant dirigea son attention sur moi mon masque moqueur se fendilla pour laisser entrevoir ma surprise - qu'est ce qu'il pouvait bien me trouver ? Surtout maintenant que j'étais... Différent... Finalement on peut dire qu'il n'a aucun instinct. Captant le regard menaçant de Sa Majesté je haussais un sourcil l'air de demander ce que je pourrais bien faire à un gamin de cinquante ans.

Pour qui me prend-t-elle, je ne suis pas un monst... Quoique. Le môme d'abord curieux me regarda et testa ma réaction avant de s'approcher, très intéressé par mon épée... Un sourire en coin surement inattendu pour Miss Princesse étira mes lèvres et je fis une grimace au petit, lui tirant un rire sincère comme seuls savent les faire les enfants. Je lançais un regard à la Princesse - je l'ai pas mangé ton gamin, rassurée ?...
La mère du petit vint d'ailleurs nous rejoindre et je laissais le plan social aux soins de l'héritière.

» Blackout (Privé)
» Toi et moi... On ne va pas s'entendre ! (Privé)
» Pourras-tu m'aider ? (Privé)
» J'ai toujours ce que je veux [privé]
» Alors c'est ça bosser ?... Sérieux ?! (Privé)

Heureuse de me voir ? {privé}

Heureuse de me voir ? {privé}

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