Retrouvailles sur les bords du fleuve impétueux (Noria)

- Prévenez Père et Mère que je sors ! Je ne serais pas longue, disons... Trois ou quatre heures ?

Je souris à mes dames de compagnie, après avoir laissé de côté ma longue robe beige en lin, adaptée à la douceur de ma chambre pour pouvoir enfiler une jupe brune plus courte et souple, accompagnée par un haut à manches longues et chaudes beige. Mes bottes attachées, j'attachais ma cape et mis mon arc sur mon dos. La tresse que mes dames de compagnie m'avait faite battait dans mon dos alors que je traversais un long couloir ouvert sur la ville, menant à un long escalier pour sortir du château caché dans les arbres, ma maison depuis ma naissance.

Après avoir salué les gardes en faction d'un sourire chaleureux, je quittai à pas presque pressés Eadj, voulant me retrouver sous les grands pins de la Forêt qui nous entourait. Une fois le murmure de vies étouffé par le calme de la Forêt, je m'arrêtais un instant, inspirant à pleins poumons l'air vif de l'Hrivë. Les rayons clairs du Soleil passaient doucement à travers le feuillage épineux des conifères éclairaient les sous-bois et leurs donnaient une aura de mystère que j'appréciais particulièrement. Je tendis l'oreille dans le calme pour entendre de faibles pas. Me tournant vers, Estë, "ma" licorne qui s'approchait de moi, je lui offris une légère caresse sur l'encolure pour ensuite m'enfoncer dans les bois.

Après une bonne demi-heure de marche silencieuse mais sereine, nous arrivâmes enfin au fleuve d'Or. M'arrêtant sur la berge, je m'accroupis pour m'y désaltérer malgré la température glaciale de l'eau. Je n'avais pas encore trouvé où je pouvais m'entrainer à l'arc, mais ça n'était pas un problème : Non seulement je trouverais toujours un endroit, mais en plus je pouvais me permettre de ne pas m'entrainer pendant un jour ou deux. Pas que je sois sûre de moi, mais j'étais suffisamment habile pour pouvoir me "reposer sur mes lauriers"... Alors que je m'apprêtais à m'assoir sur une roche pour profiter du bruit de l'eau, je vis Estë se tourner vers les bois, ses yeux si expressifs fixés sur quelqu'un qu'elle attendait, presque impatiente. Curieuse, je me tournais moi aussi vers l'étendue de pins, attendant patiemment la venue de cet inconnu... Qui ne l'était, en fait, pas tellement.

On ne peut pas vraiment dire que je tenais à retrouver mes racines, je ne serais alors pas vraiment au bon endroit, trop éloigné des plages que je préférais encore fuir.
Je voulais simplement rentrer dans ce que je considérais le plus comme mon chez moi. Ma mission terminé, mon rapport fait, je voulais trouver un peu de repos, jusqu'à ma prochaines mission qui m'éloignerais certainement beaucoup des forêts Dissaels où je me sentais véritablement chez moi. La dite prochaine mission m'étais tombée dessus avant même que je n'ai pu atteindre les Grand Lacs de Quoadis.
Et quelle mission...Je suis certain qu'il l'a fait exprès. Avec ses idée à la noix de sociabilisation. Mais j'ai pas envie moi de me sociabiliser ! Bon d'accord, c'était un peu dans le contrat que j'ai signé, mais c'était vraiment les toutes petites lignes...Celles dont on ne tiens jamais compte !

Négociant un peu de réptis, j'avais obtenue l'autorisation de poursuivre mon voyage. Pour faire simple, j'avais gagné quelques vacances. Et celles ci serait plus que bienvenu, vu ce qui m'attendait !
Après plusieurs jours de voyage éreintant, Louyana dans mon sillage, anéantissant mes envies de discrétions en attirant tous les badauds curieux et surtout idiots du coin, j'avais finalement atteint le Leasis en suivant le Fleuve d'Or que je descendis avec pour but d'atteindre la capitale. Laissant de côté mon embarcation pour finir le voyage à pied, je tachais d'ignorer ma compagne batifolant joyeusement autour de moi dans l'espoir de me tirer un sourire, pour me concentrer et apprécier la sérénité de la forêt. Remontant encore sur un kilomètre en longeant le Fleuve, je m'arrêtais finalement, esquissant un sourire qui fit presque sourire Louyana.
Ca va, faut pas exagérer non plus, je suis pas si aigrit que ça !

*Bien sure que si !!!"*

-On t'as pas sonné. marmonnais-je à l'intention de Louyana sans prendre la peine d'user de la Télépathie.

J'avais sentie une présence non loin, une aura de magie familière, peut être un peu trop. Alors, sans trop hésiter, sentant de nouveau la honte et la culpabilité peser sur mes épaules, je m'avançais vers la jeune elfe regrettant déjà de croiser son regard.

"Bonjour, votre Altesse." commençais-je en m'arrêtant à quelques pas, inclinant respectueusement la tête.

Louyana s'arrêta dans mon dos, l'air plus grave...c'est pas trop tôt !

*On t'as pas sonné !!!* s'insurgea-t-elle.

Sa répartie aurait pu me faire sourire, en d'autre circonstances.

Lorsque je vis arriver la silhouette emmitouflée de cuir et de lin de Noria, je baissai les yeux un instant, laissant la mélancolie et la tristesse faire leur passage sur mon visage d'ordinaire si doux et joyeux. Isil... Elle me manquait, encore aujourd'hui. Secouant un peu la tête, je relevai les yeux vers le nouvel arrivant, remarquant avec un petit sourire Louyana derrière lui. Noria avait pendant longtemps vécu ici, avec nous et je l'ai très vite considéré comme un membre de ma propre famille. Après tout, il l'était, ça n'était pas une simple question d'affinités... Mais cet équilibre avait été bouleversé, de façon dramatique pour nous tous.

Je m'avançais vers l'homme qui me faisait face, faisant une petite courbette ma foi trop informelle pour ces lieux. Lui offrant mon plus beau sourire, j'attendais qu'il relève la tête de lui-même, les mains derrière le dos. Revenait-il pour quelques temps, ou n'était-il que de passage ? J'espérais qu'il ne partirais pas de sitôt, j'étais toujours heureuse d'entendre le monde qu'il me dépeignait dans ses récits de voyages et de missions.

- Bonjour Noria ! Je suis heureuse de vous revoir. Que faîtes-vous en Leasis ?

Il était étrange de ressentir ce manque quand je quittais les forêts Dissaels, alors qu'elles étaient pleines de souvenirs. De souvenirs heureux, tendre et terriblement douloureux. Plus encore alors que je me tenais devant la Princesse Luna. Au moins, je serais préparé pour me tenir devant ses parents. Restant légèrement en arrière, à une distance que je jugeais plus respectueuse.
Ses salutations me tirèrent un sourire, amusé par son ton doux et joyeux, même face à moi. Pourtant, elle avait toutes les raisons du monde de me haïr.

"Me ressourcer un peu, comme souvent." répondis-je simplement.

Me recueillir un peu aussi...Surtout. Je n'étais pas certain de pouvoir revenir avant un certain temps, au vu de la mission qui m'attendait.
Je louperais certainement la date à cause de... de ça !!

"Je pense pouvoir rester quelques semaines, si vos parents le permettent, évidement." finis-je, conservant un vague sourire passablement avenant, du moins, je l’espérais.

"J'ai ramené quelques babioles, en pensant à vous." rajoutais-je en tapotant mon sac.

Je savais que Luna n'avait jamais passé les frontières de son pays mais en rêvait tous les jours, alors, je m'appliquais toujours à lui ramener de petites choses de mes nombreux, innombrables et interminable voyage à travers le monde.

Je souris doucement quand il parlait de se ressourcer. Sa réponse ne m'étonna pas, je savais qu'il aimait beaucoup le calme de la Forêt et de notre peuple. Cependant, je m'étonnais qu'il vienne... Si tôt. Je pensais qu'il viendrait dans quelques semaines, un peu plus proche de cette date fatidique. Allait-il rester jusque là ? Je ne pus le savoir, alors qu'il restait trop imprécis sur la date de son départ. Je soupirais un peu.

- Je ne pense pas que mes parents soient contre votre séjour parmi nous, vous le savez bien.

Loin de l'avoir rejeté pour ce qui était arrivé à ma sœur, nous avions partagé sa douleur qui était bien sûr notre également. Mère s'était murée dans un silence que je ne lui connaissais pas mais n'avait jamais tenu Noria pour responsable. Comme Père d'ailleurs. Son sourire m'attristait un peu : Avenant en apparence, il recelait pourtant trop de tristesse pour que je puisse le supporter. Mais cependant, quand il parlait de babioles qu'il m'avait ramené, je lui fis un grand sourire ravi.

- Merci, c'est adorable de votre part ! J'ai hâte de les découvrir.

Je me retournai vers Estë, les yeux brillants. Elle aussi avait l'air impatiente, elle aimait beaucoup découvrir avec moi les objets que me ramenait Noria. Me tournant d'ailleurs vers lui, je toussotai pour m’éclaircir la gorge.

- Que diriez-vous de marcher un peu avec moi avant de retourner à Eadj ?

Manière un peu détournée pour lui demander si il voulait rendre visite à Isil. Je n'osais jamais le dire de vive voix, mais il savait de quoi je voulais parler.

Je hochais légèrement la tête. Je savais que je serais toujours bienvenu en ces terres, et même si je ne me considérais plus digne de cet honneur, j'en usais et certainement abusait de trop. Malgré tout ce qu'il pouvait me rappeler, j'aimais profondément cet endroit. C'était entre ses arbres que j'avais appris presque la moitié de ce que je savais aujourd'hui. C'était ici que j'avais compris ce que voulait dire, avoir un chez soit. C'était dans cette forêt que j'avais vraiment commencé à vivre... et que j'avais arrêté.

"J'ai beau le savoir, je ne me permettrais pas de dérogé aux lois qu'ils ont mis en place." répondis-je toujours avec le même sourire.

Qui sait, si peu qu'il est changés d'avis depuis ma dernière visite. Même si je doutais fortement du contraire, ils étaient bien trop gentils pour ça, je me refusais à ne pas suivre les lois en vigueur, tout Sorcier que j'étais, contrairement à Dirpk, je n'avais pas tous les droits, surtout pas ici.

"Avec plaisir Princesse." repris-je, vaguement amusé par l'empressement de la jeune elfe.

"J'espère seulement qu'ils seront à votre gout."

Me faisant violence pour conserver mon faible sourire avenant alors que je sentais déjà mon cœur dégringoler.
J'étais aussi venue aussi et surtout pour allait me recueillir sur Leur tombe. Je préférais souvent être seul dans ses moments là, je ne pouvais pas empêcher Luna de m'accompagner et puis, sa compagnie était toujours discrète...Ce n'était pas le cas de tout le monde.

*Tu sais pas m'apprécier à ma juste valeur...*

Une licorne drapée dans sa fierté, c'est plutôt amusant.

*Qu'est ce que tu fais encore là ?*
*humpf...*

Oui, vraiment marrant, pourtant, je n'avais pas vraiment la tête à rire. Reportant mon attention sur la Princesse, je hochais la tête.

"C'est une bonne idée." affirmais-je en lui tendant mon bras.

Je haussais les épaules. Il y avait l'étiquette, que je n'oubliais bien sûr pas. Mais pour moi, Noria devrait avoir un endroit à lui dans Eadj, ce serait bien plus simple... Et surtout bien plus logique.

- Faîtes comme vous le souhaitez, je ne veux pas vous imposer quoi que ce soit.

Même s'il ne faisait pas comme il le voulait et que le protocole lui était imposé en fin de compte... Enfin, j'espérais qu'il m'avait compris. Je lui offris un autre sourire lorsqu'il dit espérer que ses cadeaux me plairont.

- Je vous fais confiance, vous avez le don de très bien choisir vos présents.

J'acceptais le bras qu'il m'offrait, me mettant en marche à ses côtés. Le chemin que nous empruntions me semblait à la fois familier mais je l'avais emprunté depuis trop longtemps à mon goût. Je n'aimais pas y aller seule et ne voulais pas de dames de compagnies pour m'y accompagner. Je profitais donc de la présence du sorcier pour me rendre sur Sa tombe, sur Leur tombe, le laissant se recueillir silencieusement alors que je faisais de même de mon côté. Alors que nous marchions, je regardais tout autour de moi, une fois de plus émerveillée par la splendeur des lieux. Je ne souhaitais pas parler pour le laisser à ses pensées qui, je le regrettais toujours, étaient sombres et tristes. Malheureusement, j'étais moi aussi envahie par la mélancolie en me rapprochant d'Elles. Comme toujours...

Gardant le silence, je préférais encore garder mon avis pour moi. Inutile de rentrer dans des débats stériles qui ne mèneraient nulle part. Je me plierais aux règles qu'imposait l'étiquette, il n'y avait aucune raison pour que j'y échappe, alors que j'en voyais des dizaines pour que je m'y plie, plus qu'un autre. Je me contentais d'esquisser un sourire, tout de même flatté de savoir qu'au moins, je pouvais lui faire un peu plaisir.

"Nous verrons si encore une fois, j'ai su faire mouche." répondis-je simplement sans jamais abandonner mon sourire.

Saisissant délicatement sa main, je pris la route, marchant à pas mesuré, me calant sur ma jeune compagne. Le trajet se fit dans le silence le plus complet, Louyana nous suivait, mais préféra rester en retrait. Elle me tapait sur le système avec son éternelle bonne humeur et son optimisme sans borne, mais dans le fond, je l'aimais bien. Elle avait le don de me tempéré et savait disparaître quand c'était nécessaire.
Plus nous avancions et plus la forêt s'assombrissait. Les arbres, plus grands et plus gros, chênes, sorbiers, marronniers et d'autre encore resserraient leur étaux, comme si ils voulaient empêcher les intrus de passer. Puis, ils s'écartaient pour finalement s'ouvrir sur une petite clairière chichement illuminé, rendant l'endroit irréelle. Parfaitement ronde et de façon tout à fait naturelle, l'herbe verte et grasse était parsemé de petite fleur blanche et d'orchidée de toute sortes. En son centre avait été érigée ce qui de loin pouvait ressemblait à des pierres, une plus grande entourée par deux plus petites, recouvertes de lierres.

Je savais que ce n'étaient pas de simples pierres.

Avançant de quelques pas, lâchant le bras de Luna. Je m'arrêtais devant les statue représentant trois femmes. Ou plutôt une elfes et deux enfants en bas age. Leur visage, que je savais doux et souriant était mangé par le lierre. Levant une main, j'arrachais avec soin les plantes finissant par m'aider d'un sort. La pierre retrouvant tout son éclat et les visages sereins et souriant aussi...Mais ils n'étaient rien d'autre que de la pierre. Reculant de quelque pas, je restais à les contempler un long moment, incapable d'aligner deux pensée cohérente, envahis que j'étais par les souvenirs...En particulier celui de leur sourire.

Je ne sentis même pas l'unique larme qui roulais doucement sur ma joue, se perdant rapidement dans ma barde naissante.

Je ne répondis pas, le laissant deviner qu'il n'avait pas grand chose à craindre de ce côté-là. Alors que nous marchions, la Forêt changeait doucement, laissant la place à de nouvelles espèces d'arbres, qui resserraient peu à peu leur rang. Nous étions proches, et j'avais presque envie de rebrousser chemin. Mais ce serait mal venu et je ne pouvais faire ça à ma sœur.

Une fois arrivée dans la petite clairière, je m'arrêtais à l'orée, laissant Noria s'approcher des statues où la Nature avait repris ses droits. Pour ma part, je préférais m'assoir en tailleur dans l'herbe, regardant la percée du ciel à travers les arbres. Je n'arrivais pas à regarder les statues sans me souvenir d'elles une fois que la vie eut quitté leur corps. Je voulais garder en moi les sourires et les rires de ma sœur, nos jeux ensemble ainsi que les deux adorables petites filles qu'elle et Noria chérissaient chaque jour. Je n'arrivais toujours pas à comprendre comment on avait pu nous arracher ce bonheur et m'en voulais de n'avoir pu intervenir. Mais, je le savais, ma présence n'aurait peut-être causé que d'autres dégâts... Je me laissais aller à mes pensées, attendant patiemment de repartir pour Eadj.

Je restais debout un long moment, contemplant les visages figés dans la pierre. Éternellement souriants. Mais ils n'avaient pas besoin d'être sculptés pour rester souriant et finalement, voir ses sourires dans la pierre me donnait des frissons au point que je du serrer les poings pour garder mon calme. Comme chaque fois que je trouvais le courage de pénétrer dans ce sanctuaire, après la culpabilité, c'était la mélancolie qui m'envahissait avant de laisser place à une frustration aussi insoutenable que la colère qui l'accompagnait. Et j'avais bon faire des efforts, je n'arrivais pas à garder en tête les souvenirs heureux. Grinçant des dents, je m'efforçais de respirer lentement, levant les yeux sur les visages toujours souriants avant de tourner les yeux vers Luna, assise à l'orée de la clairière.

"Désirez vous rentrer Princesse ?" demandais-je en m'avançant vers elle.

Je reviendrais seul, avant de partir, j'en avais besoin. Mais Luna était resté assez longtemps et sa présence ne faisait que renforcer ma propre culpabilité.
Isil et nos filles étaient mortes à cause de moi et depuis, j'étais incapable de soutenir le regard de sa soeur et ses parents...Encore moins le miens lorsque je croisais mon reflets. Ce que je m'appliquer à éviter le plus possible.

Je me rappelais avec un léger soupir la première fois où Père et Mère avaient vu leur première petite fille. Père paraissait tellement ému qu'il n'avait même pas réussi à aligner quelques mots de félicitations, alors que Mère était quant à elle occupée à râler sur Isil parce qu'être grand-mère n'était pas bon pour son moral, elle devait faire face à son âge et elle n'aimait pas ça. Quant à moi, j'étais toute émerveillée de la petite merveille que j'avais sous les yeux.

Je revins à mes esprits quand Noria revint vers moi. Me levant souplement, je lui souris, mais d'un sourire trop terne pour être vraiment heureux.

- Je vous laisse le choix, je suis depuis longtemps dans la Forêt à présent, mais je n'ai pas pu m'entrainer au tir à l'arc...

Mais après tout, je pouvais m'entrainer à Eadj et je n'avais pas le cœur à m'entrainer... Après quelques instants de réflexion, je baissais de nouveau les yeux vers Noria.

- Tout compte fait, rentrons, il vaut mieux je pense.

Restant à une distance respectueuse, je du me faire violence pour retenir une grimace alors que Luna tentait un sourire. Elle avait transmis ça à sa soeur : le sourire en toute circonstance. Et si avec Isil, c'était agréable, en ces circonstances, j'aurais préféré qu'elle ne se force pas. Surtout pas pour moi qui était l'unique responsable de ce sourire fade.
Me laisser le choix ? Elle y va fort tout de même. Nous nous sommes rencontré par hasard, elle était sortie de la capitale pour une raison précise visiblement. Et je l'avais empêcher d'agir selon sont bon vouloir et je devais encore choisir ! Incapable de forcer un sourire, je lançais un coup d'oeil à Louyana, restée en retrait. Visiblement, elle se contenterais de suivre, mais elle se fichait de où nous irions. Mais je n'eus pas vraiment le temps de choisir, Luna décida de rentrer et je fus soulagé de ne pas avoir à choisir.

*C'est drôle on ne dirait plus toi quand tu es ici.*

Tournant lentement les yeux vers la licorne, je haussais un sourcil. Quelle perspicacité, c'en est effrayant !! Evidemment que je change. Pour commencer, j'a du respect pour les Dissaels. Ils m'ont accueillit, enseigné leur savoir, comme si j'étais l'un des leur, jamais ils ne m'ont jugé, c'est parmi eux que j'ai pu avoir une famille...Que j'ai détruite. J'ai tué la fille cadette et les petites filles de la famille royale et pourtant, je suis toujours le bienvenue. Evidemment, même si j'aime profondément ce pays, face à ses souverain, je ne me sens pas à ma place...Tout Sorcier que je sois, Dixième Cercle ou non, tout ça n'a plus d'importance. Ici, je ne suis que le responsable du malheur de la famille Royale, rien d'autre.

"Je vous suit." répondis-je simplement.

Offrant de nouveau mon bras à la princesse, je pris la direction de la capitale, je connaissais le chemin par coeur...Certainement comme elle.

Je penchai légèrement la tête pour apercevoir Louyana derrière Noria et je vis, à son haussement de sourcil, qu'une discussion s'échangeait entre les deux. Je tournai la tête vers Estë, qui était dans la Forêt, prête à partir. J'inclinai la tête pour la saluer alors qu'elle disparaissait entre les arbres.

Prenant de nouveau le bras du sorcier, je me laissai guider vers la capitale, bien que je connaisse le chemin par cœur. Je passais tellement de temps dans cette Forêt qu'elle m'étais aussi familière que les rues d'Eadj, voire plus. J'attendis que nous soyons partis de la clairière et que nous nous retrouvions sous l'ombre moins étouffante des pins pour parler de tout et de rien, babillant sur les nouvelles de Leasis. Rien n'avait bien changé depuis sa dernière visite, mais j'avais pu assister aux visites de représentants des différents peuples de Quisaraedis, représentants qui m'avaient bien entendu donner l'envie de découvrir leur pays. Mais je prenais mon mal en patience, un jour je pourrais le faire.

Nous étions à présent dans Eadj et, une fois au pied du grand escalier qui menait à notre salle du trône, je levai les yeux sur Noria. Je m'étais habitué à sa grande taille qui pourtant, la première fois, m'avait beaucoup surprise.

- Voulez-vous que je vous accompagne ? J'imagine que vous n'avez pas besoin de guide.

Marchant à pas mesurés pour ne pas distancer Luna où la forcer à accélérer le pas, je l'écoutais me parler de son pays, des nouvelles et des rencontres qu'elle avait pu faire, esquissant de temps à autre un sourire amusé quand elle se laissait aller à son enthousiasme et son envie de découverte. Pourtant, je songeais qu'il valait mieux qu'elle reste en sécurité dans son pays...Quoique, la sécurité pouvait vite devenir relative. Eadj fut bientôt en vu et je laissais Luna m'accompagner jusqu'à l'escalier menant à la salle du trône.
Baissant les yeux sur l'elfe je secouais légèrement la tête.

"Je ne voudrais pas vous empêcher de vaquer à vos occupations" répondis-je avec un sourire un peu gêné.

Louyana avait préféré rester hors de la ville. Pour une fois que sa compagnie ne m'aurait pas dérangé. Si elle pouvait agir comme ça partout et rester à l'extérieur de toutes les villes que nous étions obligés de traverser.

"Peut être pourrais-je vous retrouver plus tard, afin de vous donner vos présent." proposais-je.

Je ris légèrement devant son air gêné.

- J'ai tout le temps de vaquer, comme vous le dîtes, ne vous en faîtes pas.

Je savais qu'il avait encore du mal à supporter le regard de mes parents et je ne savais pas si ma présence pouvait l'aider à se sentir mieux ou non, mais si c'était le cas, j'étais prête à me présenter avec lui face à eux. Quand il me proposait de revenir plus tard, je hochai la tête avec un petit sourire.

- D'accord, je vous attendrais dans ce cas.

Après avoir salué Noria, je partis vers mes quartiers, afin de quitter mes vêtements trop chauds pour l'intérieur. Je retrouvai une longue robe fluide qui convenait mieux à l'atmosphère de la pièce. Défaisant ma natte, je pris ensuite de quoi m'occuper en attendant le retour du sorcier. J'espérais que son entrevue avec Père se passait bien... Mais il n'y avait pas de raisons que le contraire se passe. Après m'être rendu sur la tombe d'Isil et de ses filles, toutes mes pensées étaient encore occupées par elle. Malgré tout, je n'étais pas triste. Juste heureuse d'avoir pu tant partager avant qu'elle nous quitte.

Son rire augmenta un peu ma gêne, la voir si prévenante à mon égard me dérangeais un peu. J'avais surtout du mal à saisir pourquoi elle se montrait si aimable avec moi. Elle et ses parents m'avaient pardonnés et même jamais considéré comme responsable, mais ce n'était pas mon cas et je n'étais pas certain que si les rôles avaient été échangé je soit capable de faire preuve d'autant de clémence.

"Je ne devrais pas en avoir pour longtemps." affirmais-je.

Je hochais la tête, regardant la princesse s'éloigner, je souris en remarquant une fois de plus que la couleur de ses cheveux été si semblable à celle de sa soeur cadette.
Elles avaient toujours été semblable de toute façon, mais pourtant, il n'y avait aucun doute, aucune difficulté à les dissocier l'une de l'autre.
Soupirant légèrement, je me tournais vers l'escalier et le gravit sans trop penser. Je pénétrais dans la Salle du Trône, pratiquement vide à cette heure de la journée. Un elfe, éclaireur surement, faisait son rapport au Roi, seul à siéger aujourd'hui. Lu'nil était absente, ce qui me soulagea particulièrement.
L'éclaireur eut vite finit et mon tour vint. Je m'inclinais respectueusement, prenant soin de ne pas croiser le regard du Roi qui se montra aussi avenant et aimable qu'à l'accoutumé.
J'eu bien évidement le droit de rester autant de temps que je le désirais. Mettant rapidement un terme à l'entrevu, non sans avoir fait passer plusieurs message de mon Maitre, je rejoignit finalement les appartement de la Princesse, frappant doucement à la porte.

Lorsque des coups retentirent à la porte, j'étais allongée dans mon canapé, la tête en bas. Posture si peu conventionnelle que j'en sursautais, avant de me redresser rapidement... Et de tomber finalement par terre. Idiote... Il m'arrivait peu de trébucher ainsi, mais quand je relâchais mon attention, c'était presque un passage obligatoire. Je me relevais, lissais ma robe et remis mes cheveux en ordre, avant que je n'ouvre la porte pour découvrir Noria. Je souris, le laissant pénétrer dans la pièce.

- Vous voilà ! Tout s'est bien passé j'espère ?

La question était presque rhétorique, mais me permettait de masquer mon impatience de voir ses présents. Je pouvais être une vraie enfant quand on me promettait un cadeau, mais je tentais de me contrôler. Ça n'était pas très poli ni une grande preuve de maturité...

Je fus étonné de voir Luna m'ouvrir la porte de ses appartements. Je m'attendais à devoir batailler avec l'une de ses dames de compagnie pour obtenir l'autorisation de voir la Princesse, mais elle semblait être seule et pressé de me revoir, ce qui me tira un vague sourire amusé, j'étais certain que ce que je lui avait ramené lui plairait, c'était un objet rare et très précieux. Pas vraiment typique, mais plutôt utile. Entrant sur son invitation muette, je hochais la tête.

"Parfaitement." répondis-je sur le ton de la neutralité, pourtant, et comme à chaque fois, j'étais encore sous le coup de la surprise de l'accueil que l'on me réservait. Il était le même à chacune de mes visites et pourtant, il me surprenait à chaque fois. Oui, vraiment, j'avais du mal à comprendre, mais je n'allais pas m'en plaindre.

Profitant de la table dans le petit salon sur lequel menait l'entrée des appartements de la Princesse, je déposais délicatement mon sac avant d'y fouiller rapidement.
J'en sortait une petite dague, d'or fin et d'agent mêlé à du cristal. Une oeuvre des Nains, digne de leur réputation. Incrustée de plusieurs diamant et opales aux reflets bleutés, sa lame était aussi fine qu'effilé et sont tranchant ne faisait aucun doute. Emitoufflé dans du velours, je récupérais la pièce de tissus avant de tendre l'objet à la Princesse.

"J'ai pensé que ceci, en plus de vous être utile, vous plairais." remarquais-je avec un sourire énigmatique.

Noria avait l'air étonné de me voir ouvrir. J'avais demander à mes dames de compagnie de me laisser seule, sachant que leur présence pouvait le mettre mal à l'aise. Elles étaient toutes adorables, mais je les savaient intransigeantes quant aux visites dans mes appartements. Je me doutais d'ailleurs qu'elles devaient glousser après le passage du sorcier. Elles étaient incorrigibles... Je le suivis jusqu'à la table basse de mon salon, attendant patiemment qu'il me montre sa trouvaille. Etonnée, je pris avec délicatesse la dague finement sculptée qu'il me tendait. L'or accrochait parfaitement les rayons du soleil et les diamants rehaussaient la beauté de la lame au fil tranchant.

Je me perdais déjà dans la contemplation du reflet dans l'acier en me demandant qui pourrait m'apprendre à me servir correctement de cette dague quand je vis mon reflet se flouter, pour laisser place au visage d'un des soldats de la garde royale en plein entrainement. Surprise, je me retournai mais, comme je le devinais, personne n'était derrière moi. Reportant mes yeux grands ouverts sur la dague puis sur Noria, je cherchai à comprendre, avant de sourire. Un objet magique ?... Posant méticuleusement la dague sur la table basse, je me tournai pour sauter au cou de Noria sans plus de retenue.

- Merci ! Merci infiniment. Elle est magnifique ! D'où vient-elle ? De Denra ?

Je posai peut-être un peu trop de questions... Mais c'était l'émotion, ce cadeau était précieux et magnifique.

Je laissais la Princesse saisir la dague, la contempler, ne doutant pas une seconde qu'elle en découvre vite la véritable fonction. Le trésor, mais aussi le fardeau de cette dague.
J'étais content d'avoir fait mouche une fois de plus, elle avait l'air réellement comblée et je n'en demandais pas beaucoup plus. Au moins, je pouvais combler un tant soit peu son envie d'évasion et même si c'était parfaitement pitoyable, c'était aussi pour moi un moyen de me faire pardonner. Comme si je pouvais l'acheter...Comme si c'était nécessaire. Je savais que je trahissais Luna en agissant de la sorte, mais je savais aussi que mes trouvailles lui plaisaient et apaisait, ou faisait semblant, ma conscience l'espace de quelques secondes. Alors que j'étais certain que son sourire n'était pas feint.

Quand Luna me sauta au cou, je me sentis profondément idiot, incapable de réagir, je restais les bras ballant, gêné, attendant qu'elle s'éloigne sans oser la repousser.

*T'es balourd quand tu t'y met.*
*Toi...*
*Oui oui, je sais, on m'a pas sonné.*

Je rêve, ou elle se moque là ??
Luna retrouvant sa place, je reculais presque instinctivement d'un petit pas

"Je ...heu...Content qu'elle vous plaise." répondis-je plutôt gauchement.

Lou à raison, je suis complètement ridicule !

"Elle a été forgée par les Nains, mais je l'ai trouvé dans un village prés de la capitale Daes." révélais-je.

"Si quelque chose vous tourmente, il vous faudra formuler une question précise et regarder au plus profond de la lame en gardant en tête votre question et uniquement votre question. Le pouvoir de la Dague vous fournira une réponse dont il vous faudra tout de même interpréter les éléments. Elle a le pouvoir de vous révéler le Futur. Mais méfiez vous de ce pouvoir, c'est un avantage autant qu'un fardeau." expliquais-je en pensant à mon propre pouvoir de Voyane, les dieux soient remercier, pas très développé.

Je sentais Noria se crisper sous mon étreinte et y mis fin assez rapidement, amusée de le voir reculer d'un pas. Je ris franchement à sa réponse un peu gauche. Je savais que ce genre de gestes à son égard le gênait, mais je n'avait pas pu cette fois retenir mon enthousiasme. Reprenant la dague dans mes mains, je l'écoutais me parler de sa provenance. J'avais bien reconnu l'art de Nains dans cette arme, les seuls capables de créer d'aussi belles choses. Je vis du coin de l’œil la marque de mon objet magique s'assombrir sur mon poignet gauche.

Relevant la tête lorsque Noria m'expliqua sa fonction, je souris. C'était un magnifique pouvoir et j'espérais en être digne.

- J'en ferais bon usage, ne vous en faîtes pas. C'est un honneur pour moi.

J'hésitais à m'en resservir, ne sachant pas par où commencer. Peut-être qu'à tête reposée ça ira mieux... Je relevai la tête vers Noria, souriante.

- Je m'excuse pour mon emportement de tout à l'heure, j'espère ne pas trop vous avoir gêné...

Ce n'était peut être pas très courtois, mais je fus soulagé lorsque la Princesse s'éloigna. Je n'avais jamais été un adepte du contact, encore qu'Isil avait réussit à changer ça. Mais depuis qu'elle était...partie, j'avais repris mes bonnes vieilles habitudes. Et que Luna puisse encore vouloir me sauter au cou me dépassait de trop pour que je puisse réagir autrement qu'en priant pour qu'elle finisse par se lasser.

"Je n'en doute pas une seconde votre Altesse." répondis-je en retrouvant contenance...un peu.

Je retins une grimace, hochant négativement la tête.

"Ne vous inquiétait pas pour ça." répondis-je en passant une main dans mes cheveux, signe de ma gêne.

Vraiment j'étais ridicule.

"Je suis désolé de ne pouvoir changé de comportement." repris-je plus bas.

J'avais l'impression d'avoir fait un saut dans le temps et d'être revenu plusieurs siècles en arrière, à l'époque ou je n'étais qu'un gamin effrayé par tout ce qui l'entourait, ou presque.

Je souris quand il me dit de ne pas m'inquiéter. Je le faisais quand même un peu, sachant que je l'avais embarrassé. Noria pouvait cacher bien des choses, mais lorsqu'il était en Leasis, sa gêne était plus que visible. Alors quand je me décidais à lui sauter au cou sans prévenir, j'imaginais bien que ça n'était pas pour lui plaire... Quand il s'excusa de ne pouvoir changer son comportement, je m'appuyai sur le rebord d'un fauteuil, mon sourire doux toujours accroché aux lèvres.

- Noria... Ne vous excusez pas de votre comportement. C'est dans votre caractère, et vous savez comme moi comme il est compliqué de maitriser son caractère.

Bien sûr, je l'avais vu autrement, lorsqu'Isil était encore là, près de lui. Il avait retrouvé une certaine douceur et une joie qui étaient à présence replacées par la douleur et la mélancolie.

Je hochais simplement la tête. Mais elle m'avait connu autrement, pendant un temps, j'avais pu être plus expressif sans gêne, aujourd'hui, je préférais encore garder mon ressentit pour moi, d'ailleurs, je m'appliquais à ressentir le moins possible. Mais il était inutile de revenir encore et toujours sur les raisons de ses changements. J'étais presque né comme ça, puis Isil était arrivée et repartit. Fin de l'histoire...sauf qu'ici, les choses changeaient, ou pas, je ne saurait dire ce qui me dérangeait le plus.
Je me contentais d'un simple sourire pour toute réponse, il était inutile de s'étaler sur le sujet.

"Puis je faire autre chose pour vous Princesse ?" demandais-je peu désireux de la déranger plus longtemps.

Je savais qu'elle aimait entendre parler du monde extérieur, mais je préférais toujours la laisser aborder le sujet d'elle même.
Pour ne pas m'imposer ou même l'ennuyer. Finalement, je faisait souvent les même choses lorsque j'étais en mission et quand je ne l'étais pas, je séjournais ici, inutile de lui parler de son propre pays qu'elle connaissait par coeur, plus encore que moi.

Son sourire m'indiquait que le sujet était clos. Après tout il n'y avait pas de raisons de s'attarder sur le sujet, je commençais à connaitre plutôt bien Noria, je n'avais pas besoin d'explications. Quand il me demanda s'il pouvait faire autre chose pour moi, je m'assis sur le fauteuil contre lequel j'étais appuyée, lui indiquant un autre fauteuil libre en face de moi.

- Et bien, si cela n'abuse pas de votre temps, j'aimerais entendre le récit d'une de vos missions.

Je ne voulais pas l'ennuyer mais Noria avait un don de conteur qui rendait toutes ses histoires captivantes. Tous les paysages sauvages qu'il me dépeignait semblaient si réels... Je lui souris, déjà impatiente.

» Noria...me cherchez pas.

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