Premier entrainement d'une sorcière et une révélation qu'il aurait préféré taire

Je pensais que me tirer de ce lit de paradis serait plus difficile, mais l'excitation de cette première journée à passer parmi les elfes et surtout de mon premier entraînement me facilita grandement les choses. La guérison était quelque chose de fascinant pour moi, que je mourrait d'envie d'apprendre, comme tout autre magie d'ailleurs. J'étais quelque part soulagée également que mon premier professeur soit la princesse Luna et non Noria. L'apprentissage se présentait tout de suite sous un jour plus agréable à mes yeux avec cette elfe rayonnante qu'avec mon compagnon de voyage bourru et antipathique. Nous nous dirigions vers une partie de la forêt se situant aux abords d'Eadj, où Luna nous attendait, sans un mot pour ne rien changer à nos habitudes.

Ma nuit fut courte, bien plus agréable que toute celles passées jusqu'ici, mais courtes. J'étais profondément agacé par la présence de Spyke dans les appartements qui m'étaient réservés. Même si je ne me considérais toujours pas digne de les occuper encore, j'avais peur que la présence de l'humaine n'efface les dernière trace de celle d'Isil.
J'avais beau refuser de mettre un pieds dans la partie que nous avions jadis occupé tous les trois, avec nos filles, préférant celle que nous réservions habituellement à nos invité de l'époque, je détestais l'idée que Spyke elle puisse s'y promener à sa guise.
Alors, au petit matin, un brin surpris de la trouver dans la partie commune sans avoir à aller lui secouer les puces, mais n'en laissant rien paraitre, la première parole que je lui adressait fut l'interdiction de dépasser, dans les appartement, la partie commune que nous occupions et sa chambre et pris soin de fermer le reste, sans en ouvrir une seules portes.
Déjeunant en silence, je quittais finalement nos appartements, puis, le palais royale et enfin la cité pour conduire Spyke jusqu'au lieu de rendez vous avec la Princesse.
Elle s'occuperait finalement de l'entrainement de Spyke et nous avait fait parvenir l'endroit de son premier entrainement au petit matin. Et si c'était une bonne chose pour la Sorcière, je craignais tous les moments qu'elle passerait ensemble.
Gagant rapidement l'endroit, vétu de cuir et de lin, enroulé dans ma cape, je saluais la Princesse d'une courbette et d'un sourire avant de m'effacer pour laisser la place à Spyke...bon grès mal grès, mais au moins, je n'aurais pas à m'occuper d'elle, c'était un avantage non négligeable.

Louyana était en vadrouille mais je ne m'en occupais pas, je la retrouverais bientôt, mais je voulais assister à une partie de l'entrainement, histoire d'évaluer le manque de compétence de mon...élève.

Je m'étais levée tôt et de bonne humeur ce matin. Père m'avait accordé l'entrainement de Spyke et Mère m'avait conforté dans ma décision, trouvant que cette idée serait bénéfique pour moi comme pour ma future "élève". Une élève... Cette idée me semblait étrange, je me trouvais trop jeune pour assurer la formation de quelqu'un, bien que je sois plus vieille que Spyke. Mais je ne savais plus si j'en avais la maturité... Je me posais toutes ces questions, emmitouflée dans ma cape doublée d'hermine en attendant Noria et la jeune femme. J'avais demandé à la garde de me laisser seule, évitant par la même occasion qu'Anarion ne décide de m'agacer en plein entrainement. Je n'étais jamais sûre de rien avec lui...

Quand j'entendis des pas feutrés derrière moi, je me retournai avec un grand sourire. J'avais attaché mes cheveux en une tresse et m'étais habillée de laine et de cuir, portant ma tenue d'entrainement, comme à chaque fois que j'allais en forêt. Estë, pour une fois, était près de moi et regarder arriver les deux sorciers. Je rendis sa courbette à Noria avant de sourire de toutes mes dents à Spyke.

- Alors, prête à commencer ton premier entrainement ?

J'étais excitée comme une puce rien qu'à l'idée de commencer, même si je ne savais pas précisément comme j'allais aborder le sujet.

Je lui rendit son sourire avec le même enthousiasme en pensant que nous nous entendrions certainement à la perfection. Il est vrai cependant qu'il devait être difficile de se facher sur un quelconque sujet avec Luna, sa gentillesse avait l'air sans limites.

- On ne peut plus prête !

Répondis-je tout en ôtant mon manteau pour éviter d'être gênée, bien que je ne sachant pas en quoi l'entrainement consisterait exactemment. Je me doutais qu'il ne serait certainement pas semblable à ceux que j'avais l'habitude de pratiquer. Je réprimai un léger frisson, me retrouvant en pantalon de cuir, bottes fourrées et chemise ample, mes cheveux noir de jais me tombant dans le dos.

Je souris devant l'enthousiasme de Spyke, avant de rire un peu en la voyant enlever son manteau. Nous avions entamé le mois le plus froid d'Hivrë, ça n'était pas le moment de se découvrir car, même si nous allions marcher, il faisait trop froid pour être aussi peu couverte. Et puis une cape n'était pas encombrante pour un Guérisseur !

- Je pense qu'il serait préférable que tu gardes ton manteau, sinon tu devras rester au lit pendant plusieurs jours pour soigner un très méchant rhume...

J'avais déjà du soigner le fils d'un des gardes qui s'était aventuré dehors en plein froid et ça n'était pas beau à voir...

- Pour notre première journée, je pense que le mieux serait que nous marchions dans la forêt. Je commencerais par t'expliquer en quoi consiste le pouvoir que tu viens d'acquérir, en te montrant si possible des arbres et plantes qui sont très utiles pour les onguents et autres pommades puis, quand tu te sentiras prête, nous essayerons de soigner quelques coupures superficielles. Je pense que ce programme occupera bien assez de ton temps et de ton énergie. Qu'en penses-tu ?

Après avoir exposer mon avis, je regardais Spyke puis Noria, me demandant si je ne faisais pas fausse route en commençant ainsi. Il était passé par là, il pourra surement me dire si ce que je prévoyais était inutile...

[ok...alors là, j'ai mais alors RIEN compris. J'ouvre le topic, le dernier message est de Spyke, je descend et enfaite...le dernier message était de Luna. Forum bizarre quand même Oo Et dire que j'attendais Luna pour répondre. Boulet --' Dsl ><]

Luna avait l'air aussi enthousiaste que Skype, au moins, je ne pourrais pas lui enlever sa bonne volonté. Le temps qu'elle en ferait preuve. avec Luna, peut être sa volonté resterait de fer, mais quand je devrais reprendre en main son entrainement, il n'était pas certain qu'elle se montre aussi...Joyeuse.
A les voir ainsi, j'esquissais un vague sourire. Peut être arriverais-je à considérer Spyke comme une Sorcière et non plus une Humaine plus rapidement que ce que je pensais.
Le simple fait d'arriver à imaginer que se soit possible était déjà un exploit en soit.

Décidant de rester un peu en retrait, j'observais les deux jeunes femmes sans un mot, me faisant oublier, pour l'instant, c'était le mieux que je puisse faire. Mais quand Luna tourna les yeux vers moi, je hochais la tête. Elle n'avait pas l'air certaine de la marche à suivre pour devenir professeur.
Je devais bien avouer que je ne le savais pas moi même. Je devrais me contenter d'appliquer les méthodes que Dirpk et Isil avaient utilisés avec moi.
Le programme de Luna me semblait plus qu'approprié et il me permettrait de profiter d'un peu de solitude.

Encourageant la Princesse d'un sourire, je la laissais se détourner pour se concentrer de nouveau sur Spyke, puis quand les deux jeunes femmes commencèrent à marcher, je les regardais s'éloigner avant de disparaitre à mon tour dans la forêt pour rejoindre la clairière qui servait de dernière demeure à Isil et nos filles.

Je ris de bon coeur à la remarque de Luna et remit mon manteau, plutôt contente de ne pas devoir braver le froid aujourd'hui. Ce devait être la première fois que je me sentais aussi empotée dans quelque discipline que ce soit. J'emboitai le pas à la Princesse, aquiesçant au programme qu'elle nous avait préparé mais une sensation bizarre me coupa quelque peu dans mon élan. J'avais pris l'étrange habitude de, si je ne pouvais le voir marcher devant moi, sentir la présence de Noria et ses pas juste derrière les miens. Aussi rearquais-je assez rapidement qu'il ne nous suivait plus et le vit du coin de l'oeil prendre discrètement une autre direction. J'étais partagée ... d'une main mon entrainement avec Luna promettait d'être un réel plaisir et de l'autre la curiosité de peut être apprendre une infime partie de tout ce que Noria me cachait. Je finis par me dire qu'un tout petit détour ne nous retarderai certainement pas beaucoup et servit mon plus beau sourire à la princesse.

- Je suis vraiment désolée mais je viens de me rendre compte que j'ai oublié de prendre mon carnet et ma plume, ma mémoire est plutôt désastreuse et je m'en voudrais énormément de ne pas pouvoir étudier tout ce que vous m'aurez apris aujourd'hui. Je vais courir jusqu'à nos appartemments aussi vite que mes jambes peuvent me porter, pardonnez moi encore mon effroyable étourderie !

Je me mis à courir d'un pas léger dans la direction où j'avais vu partir Noria, tout en le pistant et je me fis de plus en plus féline, ralentissant l'allure au fur et à mesure que j'approchais. Si je ne voulais pas qu'il me surprenne je devais être la plus silencieuse, la plus discrète et invisible possible. Je débouchai sur une clairière parfaitement ronde, on devinait la signature des elfes dans cette perfection à la fois peu naturelle et pas le moins du monde artificielle. Je vis Noria debout en son centre et grimpai quelques branches d'un arbres centenaires pour mieux me cacher et voir à mon aise ce qu'il fabriquait ici. Je fus plus que surprise en voyant l'émotion fulgurante qui envahissait son visage alors qu'il admirait trois statues en marbre blanc, le plus pur qu'il soit. Les deux premières silhouettes me paraissaient enfantines, deux fillettes d'une exceptionelle beauté, tandis que la troisième ... me frappa par sa ressemblance avec Luna. J'étais perdue, complètement déroutée et pour la première fois compatissante à l'égar de Noria car il me semblait ... que les monuments devant lesquels ils se recueillait ... n'étaient rien d'autre que des tombes.

Laissant Luna et Spyke derrière moi, rassuré quand à l'attitude de l'Humaine, je me glissais discrètement entre les pins jusqu'à disparaitre complétement. Évoluant rapidement au milieu de la forêt, je ne laissais derrière moi pas plus que l'écho ténu de mes pas.
Je n'avais pas fait cinq cent mètres que je sentie la présence de Louyana dans mon dos, mais je l'ignorais complètement et pour une fois, elle ne s'en formalisa pas.
Il me fallut à peine une demi heure de marche pour atteindre mon but. A peine la clairière fut-elle en vu que je ralentis sensiblement mon allure.
Pénétrant dans ce qui ne semblait qu’un simple clairière mais n'était pour moi ni plus ni moins qu'une sanctuaire, je pus enfin tout laisser derrière moi.
Les semaines passées au milieu de tous ses Humains, la désagréable surprise de Spyke, le monde courant à sa perte. Je ne me préoccupai plus que des statut au visage éternellement figé dans une expression de douceur infinie. Malgré tout son éclat, jamais le marbre dans lequel elles était taillées ne parviendrait à rendre justice au originaux.

Avançant lentement, je m’immobilisais face à la plus grande des trois statut et esquissais un sourire, effleurant sa joue glacé du bout des doigts.
Je ne comptais plus les jours depuis leur disparition. Peut être c'était-il écoulé plusieurs siècle, peut être simplement quelques mois, ça n'avait pas la moindre importance, la douleur de leur disparition à toutes les trois était toujours aussi vive.
Les yeux fixé sur le visage de la statut représentant celle qui fut un jour mon épouse, un vague sourire triste flottant sur mes lèvres, je tentais de me remémorer nos bons moments, mais comme à chaque fois, ses souvenirs là m'échapper pour ne laisser place qu'à ce du jour de leur mort.
Et de nouveau, je voyais son corps brisé, serrant celui de nos deux filles dans une vaine tentative de protection, baigner dans son sang et celui de nos enfants. Toutes les trois perdus au milieu de la forêt, cette même forêt que j'aimais tant. Seules dans le noir, elles n'avaient pu échapper au Corrompus qui les avait pris en chasse. Isil avait tout fait pour protéger nos filles, espérant certainement à tout instant que quelqu'un...que moi, leur viennent en aide. Mais elle avaient périt seule, protégeant nos filles jusqu'à son dernier souffle.
Rien ne lui avait été épargné, ni à elle, ni aux enfants, malgré leur jeune age et me remémoré l'était de leur cadavre fit monter en moi une violente nausée.
Que je retins par habitude, tombant seulement à genoux, je baissais la tête et fermais les yeux. Mais cela ne suffit pas à retenir les larmes brulante qui roulèrent sur mes joues et je serrais l'herbe devant moi au poing de l'arracher pour poignet.

Si je n'étais pas partie se jour là. Si j'étais arrivé plutôt. Si j'avais pu contrôler le temps à ce moment là. Elles seraient toujours en vie.
Toutes les trois.

Je n'en revenais pas qu'il puisse cacher en permanence une telle douleur au fond de lui, je me posais mille question en le voyant là, à genoux, dans un instant de faiblesse où je n'aurais jamais imaginé le trouver. Je me demandais qui ces statues pouvaient bien représenter, quelle histoire avait il eu avec elles, comment leur mort était arrivée ... Pourquoi gardait-il cela aussi secret ? J'aurais voulu faire un geste envers lui, mais la moindre intrusion de ma part aurait provoqué sa colére et quand bien même il aurait supporté ma présence je ne ressentais pas grand chose pour lui si ce n'était de la rage il y a à peine quelques instants ... Je n'aurais pas su quoi faire même si j'avais pu. J'étais ... complètement désemparée, je ne savais plus du tout quoi penser.

Rassurée par l'approbation de Noria, je commençais alors ma leçon, marchant calmement entre les arbres avec Spyke à mes côtés. Je remarquais rapidement que le Sorcier disparut et je savais où il se rendait, aussi décidai-je d'occuper son élève le temps nécessaire. Mais alors que j'allais partir dans la direction totalement opposée à Noria, Spyke m'interrompit et partit, prétextant un retour dans ses appartements. Voulant la rattraper, je n'en eus pas le temps cependant. Je savais qu'elle n'allait rien faire ce tout cela, je connaissais cette forêt par cœur... Et ça n'était pas du tout la direction d'Eadj.

Montant sur le dos d'Estë, je la laissa suivre la brunette silencieusement, sachant qu'en marchant je pourrais la perdre ou me faire repérer. Elle était à peine plus grande que moi mais cela suffisait pour qu'elle aille plus vite... Après plusieurs minutes de traque, je me retrouvais à l'orée de la clairière où trônaient les statues de ma sœur et de mes nièces. Souriant tristement, je regardais Noria un petit moment avant de lever la tête quand Estë le fit, remarquant Spyke dans un arbre. S'il s'en rendait compte, elle allait passer un très mauvais quart d'heure... Laissant ma cap sur le dos de la licorne, je grimpais souplement les quelques branches qui me séparaient de Spyke pour tirer doucement sur sa jambe. Une fois son attention détournée, je lui fis signe silencieusement de descendre et de venir avec moi. Mon regard était exceptionnellement ferme pour qu'elle comprenne que je n'acceptais aucun refus. Elle était en droit d'en savoir plus sur Noria, mais pas ainsi... Pas en épiant ses moments de tristesse.

Je sentis quelqu'un me tirer doucement par la jambe et en baissat les yeux je pu voir l'expression plutôt ferme et mécontente de la princesse Luna qui m'intimait de descendre de mon perchoir. Ca c'est la galère pour moi à n'en point douter ... Absorbée et sonnée par cette vision de Noria je ne l'avais pas entendue arriver. Dieu que ces elfes sont légers ! Je descendis donc en même temps qu'elle, le plus silencieusement possible. Elle me fit signe de la suivre et nous fîmes quelques enjambées pour sortir du champs de Noria toujours en silence. J'attendais que la réprimande royale tombe ...

Une fois l'attention de Spyke détournée de Noria, je descendis de l'arbre pour attendre la brune à côté d'Estë. Lui intimant silencieusement de s'éloigner de la clairière, je la laissai partir devant avant de me retourner pour observer une dernière fois Noria encore prostré devant les tombes. Le voir ainsi ne faisait que grandir mon agacement. Rejoignant Spyke, j'attendis d'être assez éloignée pour me planter devant la Sorcière, le visage fermé.

- Spyke... Je comprends que le fait que Noria ne te parle pas beaucoup et qu'il te fasse comprendre qu'il n'est pas ravi de t'avoir comme élève ne réponds pas à toutes les questions que tu te poses, mais ce n'est pas une raison pour l'épier ainsi. Tu ne réussiras qu'à le monter un peu plus contre toi. Donc laisse-le tranquille, c'est le mieux à faire.

Ma voix était la plus dure possible, pour lui faire comprendre que c'était une mauvaise idée. Je n'osais pas imaginer ce qui se passerait si Noria se rendait compte que Spyke l'épiait à son insu...

Une fois assez éloignées de la clairière, je m'arrêtai lorsque la Princesse se tourna vers moi. Son expression froide contrastait avec le sourire doux qu'elle avait employé avec moi hier comme aujourd'hui... La voir aussi agacée ne m'aida pas à me détendre et je baissais les yeux pour ne plus supporter son regard. Mais sa voix prit rapidement le relais et je rentrais la tête dans les épaules devant ses réprimandes. A la fin de sa tirade, je relevais cependant la tête.

- Mais je ne comprends pas ! Il pourrait au moins être un minimum agréable, je ne lui ai rien fait, ou en tout cas c'était involontaire... Je ne demande pas un rapport détaillé de chaque jour de son existence, mais je voudrais être sûre que chaque pas que je fais ne m'attire pas ses foudres...

Après tout, que lui avais-je fait ? Rien de spécial, à part développer un don de Sorcière ! Je ne comprenais pas son comportement, d'autant plus qu'il n'était pas aussi désagréable avec la Princesse. Bien sûr le respect devait primer, mais on voyait dans son regard qu'elle ne le révulsait pas... Etait-ce à cause de la statue de toute à l'heure ? J'avais remarqué la ressemblance frappante entre la Princesse Luna et cette statue, mais je ne pouvais pas faire de rapprochement...

Spyke semblait réceptive à mes reproches, peut-être parce qu'elle ne m'imaginait pas réagir aussi froidement. Mais quand il s'agissait des personnes chères à mon cœur, je ne pouvais pas laisser passer ça sans dire un mot. Cependant, quand la Sorcière relevait le regard, je l'écoutais avec attention. Je pouvais la comprendre également, Noria s'était montré tellement froid avec elle... C'était dur à comprendre lorsqu'on ne le connaissait pas, mais je ne pouvais rien lui dire. Ce n'était pas à moi de parler du passé de Noria, encore moins à son élève... Je lui fis un petit sourire, m'adoucissant.

- Rappelle-toi qu'il a vécu de très nombreuses années, la joie n'a pas toujours fait partie de son quotidien... Je vais te parler d'une seule chose, car sinon tu risquerais de faire une bourde si tes questions restent sans réponses : Les statues que tu as vu tout à l'heure sont celles d'Isil et de ses deux filles. Isil était ma sœur et également la femme de Noria mais elles ont malheureusement disparues toutes les trois il y a longtemps... C'est tout ce que je peux te dire.

Je ne voulais pas la laisser totalement sans réponse après ce qu'elle avait vu... Et il valait mieux pour elle qu'elle le sache de ma bouche plutôt que Noria la rabroue plutôt méchamment.

- Bon, j'imagine que tu n'avais pas tant besoin de ton carnet... On y retourne ?

Je me renfermais lorsque la Princesse reprit la parole. Je n'allais pas en savoir plus... Mais en même temps qu'est-ce que j'espérais ? Epier Noria aurait certes pu m'apporter des réponses, mais la Princesse n'allait pas me fournir des explications maintenant qu'elle m'avait surprise... Et pourtant elle me confia l'origine des statues. Surprise, je l'écoutais avidement, comprenant enfin la raison de cette étrange ressemblance entre elle et la silhouette de marbre... Mon trouble face au spectacle que j'avais pu voir tout à l'heure s'accentua. J'étais loin de me douter que le Sorcier bourru qui me servait de Maître puisse cacher ça continuellement, alors qu'il semblait tellement bouleversé devant ses statues immobiles.

Hochant la tête sans parvenir à parler, je répondis à la question de la Princesse Luna par un petit sourire. Le carnet était une excuse, je pouvais me débrouiller sans... Suivant l'elfe à travers les bois, je me concentrais sur ce qu'elle m'apprenait de la forêt comme du donc de Guérison, rangeant dans un coin de ma tête la scène de tout à l'heure.

Nous passâmes le reste de la journée dans les bois, moi à écouter et enregistrer au mieux les paroles de la Princesse, cette dernière s'évertuant à me donner toutes les informations dont j'avais besoin. Je pus enfin, à la fin de la journée, m’entraîner un peu au Don qui s'était dévoilé en moi, surtout en guérissant de simples égratignures et en cherchant les énergies vitales des animaux autour de nous. Le soleil était presque couché quand je pus enfin m'asseoir sur une pierre, fatiguée mais fière de moi et de ma journée passée avec quelqu'un de patient avec mes débuts. Ca me changeait grandement des silences butés du Sorcier qui m'avait amené jusqu'ici !

Je n'aurais su dire combien je restais prostré aux pieds des statut. A peine arrivé, je cru entendre des mouvements et des murmures dans mon dos, mais accaparé par mes souvenirs, je n'y prêtais pas attention; Je n'avais pas eu l'occasion d'être seul avec Elles depuis de longues années. Le temps m'avait cruellement manqué et je n'avais pu faire que passer pour m'assurer que le temps n'éroderait pas Leur beauté et Leur sourire gravé dans le marbre.

Alors, maintenant que j'en avais l'occasion, je restais un long moment à les observer, hésitant entre les larmes et le sourire. Puis finalement, rejoint par Louyana qui avait..pour une fois ! Sagement attendue que je l'autorise à me rejoindre, je m'étais relevé et avait usé d'un Sort pour faire resplendir le marbre blanc composant les visages que j'avais tant aimé et qui me manquais encore cruellement, même après toutes ses années.

J'étais resté face à elle encore de longues heures, laissant mon esprit vagabonder dans le passé, jusqu'à ce que Louyana ne me rappelle à l'ordre.
Pour une fois, j'étais content de la savoir avec moi, seul, j'aurais pu rester là des semaines sans manger, sans dormir et surtout sans voir le temps passer. Soupirant profondément, j'effleurais une dernière fois les visage puis quittais le sanctuaire, Louyana sur les talons.
Je n'eus aucun mal à suivre la piste de Luna et son élève, qui était aussi la mienne. Je les retrouvais rapidement mais les suivit à distance, me faisant discret pour ne pas les gêner et ne pas perturber Spyke par ma présence.
Louyana avait rit de ce qu'elle appelait mes "gentilles attentions", mais je ne lui avait pas prêté attention. Puis, quand elles c'était arrêté et que Spyke c'était inélégament affalé sur une pierre plate, j'étais sortie de l'ombre.

"Comment s'en est-elle sortie ?" demandais-je à Luna sans accorder un seul regard à Spyke.

Je le savais, mais je voulais avoir les impressions de la Princesse.

Après avoir expliqué tout ce que je pouvais à Spyke, je l'aidais à maitriser le Don qu'elle venait d’acquérir. Elle était encore débutante, aussi je ne lui demandais pas d’énormes guérisons mais des petites qui lui permettrais seulement de sentir son pouvoir et de pouvoir l'appréhender. J'avais senti Noria s'approcher, mais n'avais rien dire, le laissant observer les progrès de son élève en silence.

Une fois l'entrainement terminé, je laissai Spyke s'asseoir alors que je flattais l'encolure d'Estë qui était restée avec nous jusqu'au bout. Me tournant à l'arrivée de Noria, je lui souris, contente de voir qu'il était revenue. Comme à son habitude, son masque cachait parfaitement la tristesse qui l'avait envahi quelques heures plus tôt... Je hochai la tête à sa question.

- Elle a été parfaite. Elle cerne très bien les contours de son Don et elle est très appliquée. Mais j'espère surtout avoir été un bon professeur...

Je regardais Spyke à ma question. Je ne voulais pas mal enseigner ce qu'elle devait savoir... Sinon ce que je lui dirais sera totalement inutile.

Je n'accordais pas un regard à Spyke affalé sur une pierre, l'air fatiguée. Je n'y prêtais pas vraiment d'attention. Pourtant, j'usais de mon propre Don de Guérison pour la sonder et m'assurer qu'elle pourrait tenir sur ses jambes. Je n'avais pas la moindre envie de devoir la porter jusqu'à nos appartements. Je devais déjà supporter sa présence, alors devoir entrer en contact avec elle...

*Tu t'inquiète un peu...*

Je ne pris même pas la peine de réagir, soutenant le regard de Luna avec un léger sourire.
Louyana était resté légèrement en retrait mais ne 'avait pas quitté depuis que nous avions quitté le sanctuaire abritant les trois statues de celles que je pleurais encore.

" Vous vous en sortez aussi bien que mon propre professeur." la rassurais-je avec toujours le même vague sourire.

Évoquer cette période devant Spyke e coûtais énormément, mais j'avais confiance en Luna, je savais qu'elle ne s'attarderait pas de trop sur le sujet. Lorsque j'avais développé le Don de la Guérison et que Dirpk m'avait conduit en Leasis, c'était Isil qui avait accepté de m'apprendre les bases de la Guérison et au finale, elle avait perdu la vie à cause de moi. Je n'avais pas eu l'occasion de mettre en pratique tout ce qu'elle m'avait appris pour tenter de la sauver.
Retenant un soupir, je restais égal à moi même, soit totalement inexpressif alors que je me tournais vers Spkyke.

"C'était pas mal." concédais-je avant de détourner les yeux.

Je ressentais le don de Noria s'éveiller un instant, surement pour s'assurer que son élève allait bien, mais je n'en dit pas un mot. Elle n'allait peut-être pas le sentir ce soir, ça n'était pas la peine de le relever qui plus est. L'évocation de ma soeur me fit sourire tendrement et je baissais les yeux sur Spyke, lui intimant de ne rien dire. Mais je me doutais qu'elle avait compris et ne parlerait pas de l’évènement de tout à l'heure. Elle savait qu'elle pourrait mettre Noria dans une colère noire.

- Merci. Pour aujourd'hui la leçon est terminée, nous ferions mieux de rentrer avant que la nuit ne tombe complètement...

Le ciel était déjà bien assombri et, même si nous pouvions rentrer facilement, je préférais ne pas m'attarder en pleine nuit dans la forêt. Mais quand Noria complimenta son élève, je restais coite un instant. Je ne m'y attendais pas, mais ce compliment me fit presque autant plaisir que s'il m'était adressé. Spyke, quant à elle, resta interdite un instant, avant de marmonner un "merci" à peine inaudible alors que le sorcier avait déjà détourné les yeux. Les observant tous les deux, j'attendais le signal du départ.

Je savais parfaitement que Luna pouvait sentir l'activation de mon propre Don de Guérison, je lui fus donc reconnaissant de ne rien dire. Spyke était trop fatiguée pour se rendre compte de quoi que se soit, et je ne voulais pas qu'elle se fasse de fausse idée. Je me fichais de son état et si elle avait été une simple humaine, je n'aurais pas fait autant cas de sa santé.
Mais si il devait lui arriver quelque chose, Dirpk ne me le pardonnerait pas, cette gamine était trop importante pour le reste du monde et pour les siens et si moi, je m'en moquais éperdument, ce n'était pas le cas de mon maitre.

Puis l'autre follase me tomberait sur le coin du museau à un moment ou à un autre. L'envoyer royalement pétre ne serait pas bien compliqué, mais je n'avais aucune envie de croiser de nouveau son chemin. Elle me tapait bien trop sur les nerfs.

*C'est ça, cherche toi des excuses !*

Soupirant légèrement, je ne pris même pas la peine de répondre et sourit légèrement à Luna en acquiesçant.

"Vous avez raison." confirmais-je, en tendant le bras pour la laisser passer, toujours sans un regard pour mon élève, je lui avais accordé largement assez d'attention pour la soirée...voire même la semaine. Malheureusement, je serais amené à recommencer dés le lendemain...

Avec l'approbation de Noria, je me mis à marcher vers Eadj, Estë me suivant de près. Me tournant vers Spyke, je lui intimai de venir à ma hauteur avec un sourire. Elle se leva, un peu engourdie par la fatigue et le froid, avant d'arriver à mes côtés. Je marchais calmement dans la forêt, questionnant de temps à autre la jeune Sorcière sur ce que nous avions vu aujourd'hui. Loin d'en être embêtée, ce petit interrogatoire avait l'air de la détourner de ses pensées surement maussades.

Nous marchâmes pendant un moment ainsi et, alors que nous atteignions les marches menant au palais, la nuit était tombée et le froid commençait à se faire plus mordant. Entamant la montée des marches, je souris à Spyke.

- Je vais te laisser te reposer, tu l'as bien mérité. Nous nous retrouvons au repas ?

L'intéressée hochait la tête et je lui souris, avant de me tourner vers Noria pour lui adresser également un sourire doux. Je commençais à le connaitre et je savais que son moment passé près de sa famille disparue lui pesait encore...

L'après-midi avait filé comme le vent, alors que j'écoutais la Princesse me décrire le pouvoir que je venais d'obtenir et que je m’entraînais à l'utiliser. Alors, quand je pus enfin m’asseoir, je ne me fis pas prier et soufflai un bon coup, attendant le signal de départ. Noria arriva quelques instants plus tard et je me tus, préférant éviter de faire une boulette. Je ne savais pas s'il m'avait aperçu tout à l'heure, et ne cherchais pas à le savoir...

Laissant Luna parler, je fus tout de même surprise d'entendre un compliment de la part de Noria. Il n'était pas bien ?... Le remerciant, encore un peu indécise, je me levais quand la Princesse donna le signal du départ et m'avançais à ses côtés, répondant avec joie à ses questions qui m'empêchaient de penser au sorcier derrière moi. Moins je lui parlais et plus j'augmentais mon espérance de vie, j'en étais bien consciente...

Mais, un fois arrivés à Eadj, je dus remercier la Princesse Luna qui partit vers ses propres appartements, me laissant seule avec mon maître. Je marchais dans les couloirs, évitant tout contact alors que nous nous dirigions vers la suite de Noria, quand, n'y tenant plus, je posais mes yeux sur lui.

- Le compliment de tout à l'heure... C'était seulement pour faire plaisir à la Princesse, ou vous le pensiez vraiment ?

J'avais encore du mal à y croire...

M'effaçant pour laisser passer la Princesse et Spyke, je suivis les deux jeunes femmes à une distance raisonnable, laissant Luna compléter sa leçon du jour. Au moins Spyke mettait-elle de la banne volonté dans son apprentissage, c'était un bon point. Peut-être parviendrais-je à la considérer plus vite comme une Sorcière et plus comme une Humaine. Elle resterait toujours mon boulet, mais au moins, sa présence...se simple existence ne me serait plus complètement insupportable.

Eadj fut rapidement en vu et je ne pus m'empêcher de soupirer légèrement. La journée touchait à sa fin, je pourrais abandonner mon élève sans crainte qu'elle ne soit blessé. Et si elle devait créer le moindre soucis, elle en assumerait seule les conséquence. Je lui avais déjà donné mes consignes, libre à elle de ne pas les suivre et s'exposer à mon courroux.

Lorsque Luna s'immobilisa en haut d'un escalier, signifiant clairement à Spyke la fin de sa leçon pour ensuite se tourner vers moi, j'inclinais légèrement la tête, esquissant un sourire.

"Merci de nous accorder un peu de votre temps Altesse." saluais-je avant qu'elle ne s'éloigne.

Sans un mot de plus, je pris la direction de mon propre logement, ignorant Spyke à mes côtés, jusqu'à ce qu'elle se sente obligé de me rappeler sa présence.
Soupirant légèrement, je lui coulais un coup d'oeil irrité.

"Je t'ai déjà dit que je ne mentais jamais." répondis-je froidement.

Sans plus un mot, nous entrâmes dans mes appartement. Je jetais un furtive coup d'oeil à la partie que j'avais pris soins de condamner pour m'assurer que personne n'y était entré avant de me délester de ma cape et simplement m'installer sur un sofa dans la pièce à vivre.
Il fallait que je prenne mon courage à deux mains pour la suite.

Mais la tout de suite...j'ai pas envie !

Alors que ma question partait d'une réelle curiosité, je me figeai sur place face au coup d'oeil de Noria, comprenant trop tard que j'aurais du me taire. Ne répliquant rien, je repris ma marche en me demandant si je devais me sentir flattée d'avoir été l'objet d'un compliment du sorcier ou agacée de sa réponse froide et dure. Après tout, j'avais été exemplaire aujourd'hui ! J'avais suivi à la lettre les instructions de la Princesse Luna, malgré l'incartade en début de leçon, et je n'avais pas eu le sadisme d'enfoncer le couteau dans la plaie... Ou devrais-je plutôt dire l'instinct de survie de ne pas mettre le sujet des statues sur le tapis.

Arrivant dans la suite, je suivis le regard du Sorcier, avant de filer sans plus attendre dans ma chambre, m’épargnant la curiosité de savoir ce qui se cachait derrière cette porte condamnée. Je m'affalais sur le lit en soupirant. J'avais l'impression d'être une petite fille qu'on rabrouait sans cesse... Mais après tout, il était assez vieux pour avoir connu mon arrière grand-père, j'en aurais mis ma main à couper, alors mon impression était peut-être justifiée... Je me redressais pour ensuite me diriger vers le bureau où j'avais posé mon carnet, afin de coucher par écrit mes exploits de la journée.

» Kalier... premier arrêt.

Premier entrainement d'une sorcière et une révélation qu'il aurait préféré taire

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