Et c'est reparti pour les simagrées

Le visage enfouis dans sa chevelure sombre, les yeux clos, je la serrais avec force, une expression douloureuse crispant mes traits - rien que l'imaginer... je ne pouvais pas... c'était au-dessus de mes forces. A la même échelle qu'imaginer Cindara corrompue. Une vraie torture... mes pires craintes, celles auxquelles je n'osais même pas penser tant elles m'effrayaient. Une colère sourde tournée vers la Princesse pulsait en moi - si elle ne l'avait pas tant écrasée à table, on n'en serait pas là... Emea ne serait pas dans un tel état. J'étais en partie responsable, je le savais, mais j'avais tout fait pour arrondir les angles... pourquoi depuis que j'avais mis les pieds ici, plus rien ne se déroulait correctement ?... J'en attribuait injustement la faute à Eil'liathan - encore une fois, je restais pourtant convaincu qu'elle était le grain de sable dans les rouages de cette société Elfique, et elle n'avait pas attendue d'être tentée par les Ombres pour tout détraquer à mon avis. Elle avait peut-être des circonstances atténuantes... mais cette histoire avec son frère lui servait surtout de bon prétexte.

Je me rendis alors compte, tout en serrant Emea contre moi... que je commençais à sincèrement détester la Princesse. Si c'était son but, elle pourrait se vanter d'avoir au moins réussi ça... ce que je trouvais bien pitoyable, quand même. Je ne devais pas non plus me laisser berner si facilement... je devais réserver mon jugement, rester juste et impartial. Un bras autour des épaules d'Emea, je caressais ses cheveux de l'autre, doucement, longuement, sans jamais rencontrer aucun noeud... et finalement, après de longues minutes angoissantes, elle commença à cesser de trembler, ses sanglots s'espacèrent pour finalement se calmer, peu à peu... Je la sentis se détendre dans mes bras, et pas une seconde je relâchais mon étreinte, poursuivant mes caresses, encore, et encore...

- Je te le jure, murmurais-je avec conviction contre ses cheveux, je te le jure, je te le jure, je te le jure, soufflais-je, et chaque fois que je le répétais je déposais un baiser sur une partie différente de son visage.

Blottie contre Wylian, je parvins enfin à reprendre le contrôle de moi même, cessant d'abord de trembler puis de sangloter. Et la culpabilité me rattrapa, j'avais perdu mon sang froid, j'avais été injuste avec lui, je lui avais crié dessus sans véritable raison, ou presque. Je savais qu'il souhaitais juste me protéger, rien de plus. J'avais été idiote de pensait qu'il voulait me dévaloriser ou même qu'il doute de mes capacités.
De plus, je n'avais pas abandonné mon plan et il allait me détester, lui hurler dessus comme je venais de le faire était injuste et totalement hypocrite.
Me laissant un peu aller dans ses bras, je profiter que mon visage soit enfoui dans le creux de son épaule pour me mordre une lèvre pour endiguer une vague de culpabilité.
Oui, vraiment il allait me haïr. Je n'étais même pas certaine qu'il parvienne à me pardonner ni même qu'il veuille encore de moi. Mais au moins, je serais rassuré quant à sa vie et celle d'Eil'liathan...à moins qu'ils ne meure tout les deux par ma faute.
Et voilà que je me remet à trop réfléchir ! Qu'elle le veuille ou pas, elle aurait besoin de moi. Moi seule la connaissait assez pour la convaincre de se battre contre son frère.
Oui, il reviendrais, sain et sauf, tout comme moi, car, quoi qu'il en dise, je l'accompagnerait. Je ne doutais pas qu'il revienne, puisqu'il me le promettait, mais je craignais trop Syl'adran pour rester une fois de plus en arrière.

"Je te fais confiance..." soufflais-je reculant légèrement pour pouvoir accrocher son regard.

Je cessais de penser, désireuse de profiter un maximum de sa présence et de nos retrouvailles, effrayé à l'idée que bientôt, je n'aurais plus le droit de me blottir contre lui.
Passant une main sur sa joue avant de la glisser dans ses cheveux, caressant sa nuque du bout des doigts, je m’emparais presque fiévreusement de ses lèvres.

Les yeux clos, un peu crispé, je me détendis peu à peu à mesure qu'Emea se calmait, sans jamais cesser de caresser ses longs cheveux soyeux. Je ne devais pas m'en prendre comme ça à la Princesse... après tout, tout ce que je savais d'elle, c'était ce qu'Emea avait bien voulu me révéler. Je ne pouvais pas juger une personne sur une journée infecte et les dires d'une autre personne, même si pendant un instant j'y avais cru. La laissant se calmer, la crise la laissa comme une poupée de chiffon dans mes bras, et je renforçais encore mon étreinte - je ne la laisserais pas tomber... jamais. Alors à sa demande, sans même réfléchir avant de répondre, je lui jurais, encore, et encore, et encore - je lui jurais non seulement que je reviendrais, mais aussi ma fidélité et mon amour éternels. Mais je serais quand même tellement plus rassuré de la savoir en sécurité derrière les murs de notre citée... elle et ma soeur veilleraient l'une sur l'autre, et je n'aurais plus qu'à comme toujours accomplir mon devoir... et revenir. Je reviendrais toujours, tant que j'aurais une bonne raison de revenir... soit elle et ma soeur. Ce que j'avais de plus précieux au monde...

Sentant sa légère poussée, je la relâchais juste assez pour lui permettre de relever la tête - plongeant mon regard dans le sien, je pris ses mots pour une capitulation - enfin... enfin, un de mes problèmes majeurs était réglé. Ce qui enlevait un sacré poids sur mes épaules... Penchant légèrement la tête sur le côté pour appuyer sa caresse, je fermais brièvement les yeux, profitant au maximum de la tendresse de ma fiancée, et lorsque je les rouvrit une nouvelle lueur animait le fond de mon regard. Lui rendant son baiser en en prenant le total contrôle, je resserrais mes bras autour de sa taille et nous fit pivoter pour la plaquer avec fermeté mais douceur contre le mur, enflammant mes sens en me délectant de ses lèvres, puis de sa peau alors que j'en goûtais chaque centimètre carré du bout des lèvres. Elle m'avait tant manqué... et j'avais tant... besoin d'elle...

Profiter de sa présence, je n'avais plus que ça en tête. Il avait été loin si longtemps et je m'étais tellement inquiété.
Je n'avais pas pu réellement profiter de nos retrouvailles, les circonstance n'était pas vraiment idéales, entre l’accueil d'Eil'liathan, notre désaccord sur ma participation au voyage puis ce dîner relativement désastreux, ne m'avait pas vraiment permis de savourer sa présence tant attendue. Alors, je préférais lâcher prise, sous prétexte que nous serions bientôt de nouveau séparer...En théorie.
Souriant légèrement alors que j'accrochais enfin son regard, la lueur que j'y discernait m'encouragea à m'emparer de ses lèvres, savourant leur douceur. Quand je sentie ses bras se refermer un peu plus sur ma taille, j'enroulais les miens autour de son cou, m'accrochant à lui comme si j'avais peur qu'il ne m'échappe alors que sa promesse tournait dans mon esprit.

J'étouffais un léger cri en sentant que je perdait totalement le contrôle, mais je n'hésitais pas une seule seconde à me laisser aller entre ses bras.
Si c'était lui, je voulais bien lui laisser le contrôle de tout ce qu'il voulait. Coincée contre le mur, sourire aux lèvres, je savourais notre baiser mais du me faire violence pour y mettre un terme et parvenir à m'écarter très légèrement pour désigner du menton la porte de la chambre ou Cindara avait élu domicile, un sourire entendu accroché aux lèvres.
Pour qu'elle n'est pas réagit alors que je hurlait sur son frère, c'est qu'elle avait du partir en vadrouille pour visiter la ville. Je prenais le risque que Wylian s'en inquiète, mais dans le doute de sa présence, je préférais encore prendre le risque...Je n'avais aucune envie d'entendre parler de son séjour à Nakae durant des siècles et c'est ce qui arriverais si Wylian continuais sur sa lancé au milieu du salon.

Enfin, enfin après tout ce temps, ces longs mois de traque et cet après-midi désastreux, enfin je pouvais retrouver ma fiancée. Enfin je pouvais me délecter de ses lèvres, savourer ses baisers, les lui rendre au centuple. Pourquoi la journée n'avait-elle pas commencé dans ce sens là ?... tout aurait été tellement moins compliqué ensuite... même l'insolence et les insultes de la Princesse auraient eu un autre goût si j'avais d'abord eu l'occasion d'avoir un peu d'intimité avec ma fiancée. Mais il y avait eu Cindara, ma blessure, ma sieste involontaire, puis ce maudit dîner... Mes lèvres soudées à celles d'Emea, je la sentis sourire, et je souris à mon tour - heureux, enfin, tout simplement.

La sentant m'échapper un peu, je m'écartais pour plonger mon regard dans le sien... captais son regard alors que mes yeux brillaient de désir. Je l'avais tant désirée... je m'étais battu pour l'avoir. Et maintenant, elle était à moi, et à personne d'autre. Voilà pourquoi aussi je ne me liais que très peu... pour mieux dissimuler une possessivité, une territorialité presque maladive. Durant tout ce temps, j'avais du supporter de voir ses dames de compagnie l'habiller, la toucher, les serveurs l'effleurer... alors qu'elle était à moi. Personne d'autre que moi n'avait le droit de la toucher. Un bras autour de ses épaules, je passais l'autre derrière ses genoux et la fis basculer d'un mouvement fluide mais vif pour la prendre dans mes bras et nous amener d'un bon pas dans la chambre - elle avait raison... mais une fois cette porte refermée derrière nous, je ne me retiendrais pas plus longtemps.

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Et c'est reparti pour les simagrées

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